Les éditos du Curé

Qui est Dieu pour moi ? Cette question me vient après la lecture de l’évangile de ce dimanche. Je m’aperçois qu’il est bien facile de « gérer » notre relation à Dieu comme une relation parmi tant d’autres. Dieu est alors pensé comme un des éléments de mon plan de vie. Je pense Dieu en fonction de moi, de ce qui m’arrange. Je lui donne ce qu’il me reste de mon temps libre, en fonction de mes autres engagements. Je prends sur mon superflu, comme ces riches observés par Jésus dans le temple. La religion est une option que j’ai prise « en plus ». Je décide de la place qu’elle prend, du temps que je lui consacre. C’est « quelque chose en plus », que je peux augmenter ou limiter, et qui vient donner du sens à ma vie.

La foi, ce n’est pas ça. Vivre dans la foi, c’est croire que Dieu est premier, et que rien n’existe et n’a de valeur sans Lui. Nous existons que parce que nous avons été précédés par Dieu, aimés de Dieu. Dieu n’est pas un élément de mon plan de vie, mais je dois moi entrer dans le plan de Dieu. Ma relation à Dieu me précède. La foi ne vient pas « donner du sens » à ma vie. La foi vient me révéler la vérité sur le sens de ma vie. Ce sens me précède encore une fois. A moi de l’accueillir. Si je crois, alors toute ma vie, et tout de ma vie, dépend de Dieu.

« Dieu ou rien » comme le dit le Cardinal Sarah. Voilà la seule façon de comprendre l’obole de la veuve. Elle n’aime pas Dieu en fonction de ses conditions de vie, elle n’accomplit pas la loi selon le temps qu’il lui reste ou l’argent qu’elle a encore. Dieu est tout pour elle. Elle n’aime pas à moitié. Tout ou rien. Dieu ou rien. La foi – la confiance – ne peut être vécue à moitié.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 8 novembre 2015

Tous les textes de ce dimanche nous font méditer la figure du Christ Serviteur, dans le mystère de l’incarnation et de la rédemption.

Jésus-Christ, Fils de Dieu, deuxième personne de la Trinité, Dieu de toute éternité, que ni le Ciel ni la Terre ne peuvent contenir, … « a traversé les cieux » et s’est fait homme. Contemplant les ravages causés par la chute du premier couple, et notre état de pécheur qui en résulte, Dieu n’est pas resté insensible. Il a voulu compatir : « souffrir avec » nous, et vaincre pour nous. Il a revêtu notre humanité si fragile pour nous habiller de sa sainteté. Il est venu « non pour être servi mais pour servir ».

Jésus à genoux devant moi pour me laver les pieds, c’est Dieu qui s’abaisse. Jésus petit enfant pour ne pas m’effrayer, c’est Dieu qui s’abaisse. Jésus penché sur les malades, les paralysés et les possédés, c’est Dieu qui s’abaisse. Jésus flagellé, à terre, épuisé, c’est Dieu qui s’abaisse. Jésus crucifié, c’est Dieu qui s’abaisse.

Que ne ferait-il pas pour me rejoindre ? Jésus présent en cette petite hostie consacrée, reçue si souvent de façon distraite, ou laissée seule au tabernacle de nos églises… c’est Dieu qui continue de s’abaisser. Jésus qui – à travers ses prêtres au confessionnal – continue de se charger de mes péchés ? C’est encore et toujours Dieu qui s’abaisse pour me rejoindre.

Pour quoi ? Pour me sauver. Tout est là. «  Pour se charger de nos fautes », « pour que nous obtenions miséricorde », « pour donner sa vie en rançon ». L’Ecriture est claire.

Tout cela ne peut rester sans réponse… Accepterons-nous de nous laisser vraiment rejoindre, aimer, pardonner… sauver ? « Si tu savais le Don de Dieu… »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 18 octobre 2015

Toute l’histoire d’une vocation se trouve résumée dans ce petit verset d’évangile. Cette rencontre entre Jésus et le jeune homme riche est bouleversante. C’était le 13ème apôtre… Jésus – comme pour les 12 autres – lui a lancé cet appel « donne tout, puis viens, suis-moi ». Cet appel était le signe et la manifestation d’un choix de Dieu, d’un amour de prédilection. Mais cette fois-ci, le jeune homme a baissé les yeux et s’est détourné.

Quel mystère !

La liberté de Dieu vient rencontrer notre liberté. C’est une question profonde pour chacun de nous : sommes-nous vraiment libres intérieurement pour entendre les appels du Seigneur ? Quels sont au contraire mes attachements, les liens qui pourraient me retenir ? Il faut demander la grâce de cette liberté intérieure, qui nous rend capable de « oui » audacieux et généreux. C’est en gardant le regard fixé sur Jésus que nous comprendrons l’amour qu’il y a derrière ses appels. C’est en le contemplant que nous comprendrons la joie rude mais profonde à laquelle il nous appelle. Si le jeune homme riche l’avait regardé… s’il avait gardé son regard ancré dans celui de Jésus… il n’aurait pas dit « non », il ne se serait pas détourné… et sa vie, déjà honnête certes, serait devenue celle d’un saint !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 11 octobre 2015

Le Pape François l’a demandé à plusieurs reprises. Alors que va s’ouvrir à Rome ce 4 octobre, la deuxième session du Synode sur la Famille, les fidèles du monde entier sont invités à prier l’Esprit Saint pour les évêques rassemblés autour du Pape.

Il s’agit d’abord d’intercéder pour que nos pasteurs soient éclairés et assistés dans leur charge d’enseignement et de gouvernement de l’Eglise.

Il s’agit aussi pour nous de poser un regard de foi sur cette Eglise. Les médias – observateurs extérieurs à cette réalité de la foi – se préparent à commenter ce synode comme ils le font pour une rentrée parlementaire. Les pour, les contres, le clan conservateur ou progressiste, les manœuvres et les coups de théâtre, etc… Bien sûr que tout cela existe. C’est la dimension humaine de nos institutions. Mais ne nous laissons pas aveugler ni troubler. Demeure en nos cœurs cette certitude que Pierre et ses successeurs ont été établis pour « affermir leurs frères dans la foi » selon les mots mêmes de Jésus. Ce que le Pape enseignera avec toute son autorité sera la foi catholique. Qu’il s’appelle Pierre, Benoît, Jean-Paul ou François… qu’importe. C’est le Vicaire du Christ, non dans ses opinions personnelles, son style ou ses gestes, mais dans sa charge de nous enseigner et de nous diriger sur le chemin du salut. Que rien ne nous fasse perdre la paix du cœur et la confiance… « Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique… »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 4 octobre 2015

On a parfois reproché au Pape François de bousculer un peu trop les fidèles ou leurs évêques par ses paroles fortes. Quand on écoute la prédication de St Jacques ou même les paroles de Jésus qui nous sont données à méditer ce dimanche, on se dit qu’il est juste dans la ligne !

Ce n’est jamais évident pour un prêtre de choisir le ton de sa parole. Comment exhorter, reprendre, interpeller, alerter sans en même temps blesser, décourager, condamner ? Surtout que le prêtre sait bien que ses paroles l’engagent. La solution du jus pieux, qui n’empêche personne de dormir et qui ne gêne personne n’est pas évangélique ! Certains sont pourtant très forts pour ça : c’est mignon, c’est consensuel, c’est gentil, c’est prudent. Mais personne ne bouge. Jésus, avec une telle parole, n’aurait jamais été crucifié. Il ne nous aurait pas sauvé non plus.

Bernanos fait parler ainsi un vieux curé dans « Le journal d’un curé de campagne ». Il explique à son jeune confrère :

« Enseigner, mon petit, ça n’est pas drôle ! (…) La vérité, elle délivre d’abord, elle console après… La parole de Dieu ! c’est un fer rouge. Et toi qui l’enseignes, tu voudrais la prendre avec des pincettes, de peur de te brûler, tu ne l’empoignerais pas à pleines mains ? Laisse-moi rire. Un prêtre qui descend de la chaire de Vérité, la bouche en machin de poule, un peu échauffé, mais content, il n’a pas prêché, il a ronronné, tout au plus. … Je prétends simplement que lorsque le Seigneur tire de moi, par hasard, une parole utile aux âmes, je la sens au mal qu’elle me fait. »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

édito du 27 septembre 2015

Saint Jacques, dans sa lettre que nous continuons de méditer ce dimanche, aborde la question de la rivalité et celle de la jalousie. Il fait de ces deux sujets la cause de tous les maux, guerres et autres conflits. Il y a là en effet quelque chose de très profond en nous : le besoin de reconnaissance, le désir de réussir, la volonté de posséder ou de gagner. Tout cela n’est pas mauvais quand c’est bien ordonné. Mais quand ce désir devient tout puissant, quand ce besoin devient maître de nous, notre discernement en est altéré. Nous sommes alors capables de tout, et surtout du pire. Surtout, les autres apparaissent désormais comme des concurrents, dont le bonheur m’agresse ou me semble injuste, empiétant sur le mien. Ce sera eux ou moi.

Jésus donne l’antidote à ce poison : Il ne refuse pas l’idée qu’on puisse vouloir être le premier. Mais il explique le sens et le moyen de cette ambition : c’est pour mieux servir, et en servant, que je peux grandir. Je réussirai en faisant réussir les plus petits que moi. Je grandirai en faisant grandir ceux qui me sont confiés. Je régnerai… en servant. Si je mets ma joie à servir mes frères, si je mets mes talents au service de leur accomplissement, si j’ai à cœur d’entreprendre, d’exercer des responsabilités, de réussir pour mieux les servir, alors je serai comblé. L’ambition ne peut être que collective pour un chrétien. Elle est sinon décevante, épuisante, et destructrice.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Édito du 20 septembre 2015

Jésus vient d’annoncer à ses apôtres ce qui l’attend. C’est insupportable à entendre pour Pierre, qui se permet de « vifs reproches »… alors qu’il vient de reconnaître que Jésus est le Christ, le Messie ! Mais il n’est pas le seul à vouloir expliquer à Dieu comment être Dieu ! On passe notre temps à suggérer au Seigneur ce qu’Il devrait faire ou ce qu’Il ne devrait pas permettre… Qui sommes-nous ? Jésus à son tour se fait vif. Le ton monte. Et Jésus fait une mise au point très claire. « Si tu veux marcher à ma suite, renonce à toi-même, prends ta croix, et suis moi. Tu ne sauveras ta vie que si tu acceptes de la perdre pour moi… »

Qu’attends-tu de Dieu ? Qu’espères-tu vraiment de Lui ? La mise en garde vaut pour nous tous. Nous rêvons d’un christianisme sans la croix, qui ne serait plus un signe de contradiction pour le monde, qui serait un « long fleuve tranquille » pour nous. Un christianisme soft, allégé, « acceptable » par tous, car adapté « aux pensées des hommes ». Un christianisme sans larmes, avec des joies faciles et un bonheur simple…

Jésus n’est pas venu pour ça. Il nous aime trop pour nous mentir. Il ne veut pas nous tromper, ni qu’on s’étonne ensuite. Il est venu nous aimer et nous sauver. Cela ne se fera pas sans combat, sans larmes, sans contradictions ni persécutions. Mais demeure une joie profonde, malgré tout : celle d’être aimé et d’aimer. La joie de donner notre vie, pour Dieu, pour les autres. La joie du don, qui passe par la croix forcément à un moment ou à un autre. Nous sommes faits pour cette joie là, jamais facile mais vraie. Et qui porte les promesses de l’Eternité.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Édito du 13 septembre 2015

Quel est ton projet ?

Pas de rentrée réussie sans résolution ni projets ! C’est vrai aussi dans notre vie spirituelle et personnelle. On a besoin de projets – aussi simples soient-ils – pour avancer et grandir. Découvrir la spiritualité franciscaine, bénédictine ou de l’Opus Dei, se plonger dans les œuvres de St Augustin, approfondir l’encyclique du Pape ‘Laudato Si’, ré-installer une prière quotidienne dans son emploi du temps, lire la vie de tel saint, faire une retraite, se confesser régulièrement, se réconcilier avec untel, découvrir l’oraison… Voilà des exemples de « petits » projets pour la vie spirituelle.

Pour la vie paroissiale, au delà de la fidélité aux activités régulières, et en particulier à la liturgie – cœur et source de la vie de notre communauté – il nous faut aussi des projets. Il y en aura deux cette année :

– La rénovation des salles paroissiales et leurs extensions, pour répondre aux besoins de la paroisse, du catéchisme, des conférences, etc …

– La mise en place d’un groupe de prière paroissial. Tous les mercredis soir, une heure de louange, d’enseignement et d’adoration vous sera proposée. L’occasion de se retrouver de façon plus libre, au cœur de la semaine, pour prier ensemble, toutes générations confondues. C’est un vrai pari, qui peut transformer notre vie de communauté et qui va demander un gros investissement en terme de temps et de services. Mais je sens que cela peut porter du fruit. Nous débuterons dès que possible, quand nous serons prêts.

Pour ce projet, nous avons besoin de vous, quel que soit votre âge :

-Je lance un appel pour trouver un nom pour ce groupe ! Priez, réfléchissez et envoyez-moi – via le secrétariat – votre proposition. Nous déciderons ensuite avec le Conseil de la Paroisse.

-Si vous voulez vous investir dans les multiples services autour de ce groupe (musiciens, chanteurs, logistique, accueil, priants, communication, liturgie…) n’hésitez pas à vous proposer auprès du secrétariat.

Bonne rentrée ! Que Dieu nous bénisse et bénisse nos projets !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Joie de la rentrée

Ces mots « joie » et « rentrée » mis ensemble pourront étonner certains, peut-être parmi les écoliers en particulier ? Mais j’espère pourtant que cette rentrée est une joie pour vous comme elle l’est pour moi. Pour 3 raisons (on ne perd pas ses habitudes… !!!) :

Joie avant tout de nous retrouver : on a beau être heureux de découvrir d’autres communautés pendant l’été, on se rend aussi compte qu’on reste attaché à sa paroisse, à sa famille paroissiale. Ces messes du dimanche vécues les unes après les autres pendant l’année, ces joies et ces peines portées ensemble, tissent un lien qui n’est pas anodin.

Joie du nouveau départ. Chaque rentrée peut être l’occasion de repartir sur de nouvelles bases, avec des résolutions et des objectifs audacieux ! C’est vrai dans notre travail, dans la vie de famille, dans nos engagements associatifs mais aussi dans la vie spirituelle. Il y a une grâce de renouveau attachée à chaque rentrée.

Joie d’être au seuil d’une année importante pour l’Eglise avec l’année de la Miséricorde, le Synode de la Famille, sans parler des JMJ. Mais aussi pour notre paroisse, avec le projet de travaux de rénovation des salles paroissiales, et surtout la mise en place d’un groupe de prière intergénérationnel qui se réunira tous les mercredis soir !

Que nous soyons tous là dimanche 13 septembre pour la messe de rentrée et notre fête paroissiale, qui seront aussi l’occasion d’accueillir les nouveaux arrivants. Bonne rentrée !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Résolutions d’Été

Permettez à votre curé, au seuil de ces deux mois d’été, de vous laisser quelques idées de résolutions estivales. Je vous promets d’essayer d’appliquer vraiment celles qui me concernent !

  • Au cœur du tourbillon des rencontres ou des retrouvailles familiales, prendre chaque jour un temps pour Dieu. Temps de silence, de recul, de respiration qui peut être bref, mais doit être régulier. Occasion de relire son année, de rendre grâce et de préparer déjà, dans son cœur, sous le regard de Jésus, l’année qui vient.
  • Sur ces deux mois, prendre, au moins une fois, quelques heures seul à seul avec son conjoint. Si on le peut, prendre même 24h, sans les enfants. Pour se retrouver, se ressourcer, se redire l’essentiel que la fatigue du quotidien nous fait souvent oublier. Pour sortir de l’habitude. Pour redonner du sens à l’ordinaire ! Pour s’aimer…
  • Sur ces deux mois, prendre au moins une fois un temps personnel avec chacun de ses enfants (et pour les enfants, avec son père et sa mère). Parce que chacun est unique. Parce qu’on veut les voir grandir. Parce qu’on a besoin d’apprendre à se parler. Parce que pour une fois, il ne sera pas question de bulletin scolaire. Là aussi, parce qu’on a besoin de se redire l’essentiel, que notre pudeur nous fait trop souvent garder pour nous.
  • Prendre du temps pour se reposer et se faire plaisir. Il y a des plaisirs sains !  On s’en prive souvent pendant l’année. On s’épuise et on se bride. On finit par se sentir frustré… Retrouver le temps de plaisirs simples et sains. Ne serait-ce que s’offrir du temps pour lire, pour se promener, pour se poser devant un beau paysage, pour peindre ou pour écrire, pour dormir…  Pour aimer les autres, il faut aussi s’aimer un peu soi-même. Et savoir prendre soin de soi. Sans scrupule : ce n’est pas de l’égoïsme. Vos proches vous diront merci !

Je vous souhaite de belles vacances, en vous gardant dans ma prière et comptant sur la vôtre !  Que Dieu vous bénisse.                                                                                                  Abbé GROSJEAN