Les éditos du Curé

Victoire !

C’est un cri de victoire qui retentit en cette nuit de Pâques ! Une immense clameur de joie et d’espérance… Jésus est ressuscité. Ce n’est pas juste un constat, une remarque, un fait ou un détail. C’est une vérité qui change tout. D’abord cela veut dire que Jésus est donc vraiment ce qu’Il affirmait être : le Fils de Dieu. Donc étant Dieu, tout ce qu’Il a pu nous dire et que les évangiles nous rapportent, est vrai. Dieu s’est bien révélé, Il a montré son vrai visage. Nous savons maintenant qui est Dieu. Nous connaissons le projet de Dieu pour nous. Nous avons découvert notre vocation. Nous avons vu à quel point Dieu nous aime. La Résurrection du Christ nous assure aussi de cette victoire définitive de Dieu sur le mal, notre péché, nos épreuves et même notre mort. Le Christ sort vainqueur de cet affrontement terrible, et nous sauve en nous assurant un matin de Pâques. La Résurrection nous rend certains de cette victoire, qui sera manifestée à tous, de façon éclatante, lors du retour du Christ. Mais cette Résurrection nous appelle aussi à nous engager : il a fallu des témoins de cette résurrection pour l’annoncer au monde. Il faut aujourd’hui encore des chrétiens qui s’engagent, servent, se donnent et témoignent pour que cette victoire du Christ puisse se réaliser en tous, servir à tous, être accueillie par tous. Elle n’impose rien, elle rend possible ce Bonheur éternel. Que tous puissent le connaître, voilà ce qui doit animer notre désir de témoignage ces jours-ci. Belle fête de Pâques à tous !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Jusqu’au bout

Nous voici entrés dans la « grande semaine », ces jours saints pendant lesquels toute l’Eglise revit, presque heure par heure, la Passion du Christ et sa Résurrection. Profitons de ne pas être en période de vacances scolaires pour nous rendre aux différentes célébrations, et les vivre tous ensemble. La liturgie de la semaine sainte est belle, profonde, impressionnante. Du lavement des pieds à la vénération de la croix, en passant par le feu pascal, les rameaux ou le chemin de croix, les gestes, les paroles, les processions nous enseignent : c’est une véritable catéchèse.

Dans quel état d’esprit vivre ces jours saints ? Il est trop tard pour se lamenter sur ses résolutions non tenues ou son carême raté, passé trop vite. Au moins, nous aurons compris que nous sommes des pauvres qui avons besoin d’être sauvés. C’est ainsi qu’il faut suivre Jésus, l’accompagner jusqu’au bout. La liturgie réactualise les évènements qu’elle nous fait célébrer. Nous sommes bien il y a 2000 ans, à Jérusalem. Jésus se donne à nouveau pour nous. Nous voulons vivre ces jours avec lui, tout proches de lui, pour le consoler, le remercier, l’aimer et nous laisser aimer. Ainsi, le mystère pascal de sa mort et de sa résurrection pourra faire son œuvre dans nos vies.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Les leçons du 25 mars

Deuxième pause dans le carême, à quelques jours de son issue : la fête de l’Annonciation, ce mercredi 25 mars. Que d’enseignements à tirer de cet événement ! On ne finira jamais de le méditer.

Ainsi, regardons combien cet événement inouï, qui va bouleverser la face du monde – Dieu s’incarne, Dieu vient parmi nous, Dieu se fait l’un de nous – se déroule dans le secret et le silence d’une petite chambre de Nazareth !  Si nous savions ainsi tout ce que Dieu fait encore en ce moment dans le secret des cœurs, nous serions moins découragés sur l’état du monde. Autre enseignement : le « oui » de Marie. Dieu a voulu en avoir besoin. L’amour de Dieu a besoin de l’engagement de notre liberté pour sauver ce monde. Et encore : nous sommes touchés de voir l’enfant Jésus dans la crèche. Mais imaginons-le dans le sein de Marie. Embryon divin, qui déjà réjouira Elisabeth, et Jean-Baptiste en elle. Cette partie de notre existence – si cachée et si précieuse – Dieu l’a aussi vécue. La vie sur terre de Jésus commence là, le 25 mars. Pas le 25 décembre. Encore aujourd’hui, Jésus n’agit pas seulement quand Il est visible aux yeux des hommes. Caché derrière les apparences du pain et du vin, demeurant en nous quand nous L’avons reçu, nous Le portons à notre tour pour vivre avec Lui et Le donner au monde ! Depuis ce 25 mars, Jésus est là, présent. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Saint Joseph, veillez sur nous.

Le 19 mars, le carême va s’interrompre une première fois, le temps de célébrer la fête de Saint Joseph. Ce grand saint, époux de la Vierge et père adoptif de l’Enfant Jésus, aura bientôt sa statue dans notre église, grâce à votre générosité. Je voudrais qu’il ait aussi sa place dans notre prière.

Saint Joseph nous est proche : humble créature comme nous, marqué par le péché comme nous, sauvé par la Miséricorde de Dieu comme nous, il n’a pas dû être toujours évident pour lui d’accueillir le projet de Dieu, si bousculant. Il a dû lui falloir beaucoup d’humilité pour recevoir sa place dans l’histoire du Salut, auprès de l’Immaculée et de l’Enfant-Dieu. Il fut tout à leur service, offrant sa force, sa sagesse et son courage pour les protéger et veiller eux. A son contact, Jésus apprit le noble travail du bois et les traditions d’Israël. Saint Joseph fut un saint silencieux, s’effaçant devant ceux qui lui étaient confiés. Sa joie fut d’accomplir sa mission et de préparer Jésus à la sienne : en tout, il fut le « serviteur » par excellence. Qu’avec son aide, nous mettions notre joie à accomplir fidèlement ce que Dieu attend de nous. Qu’il puisse veiller sur nos familles, comme il a veillé sur l’Enfant et sa Mère, nous aidant dans les joies comme dans les peines, à choisir la confiance.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Période de scrutins…

Alors que notre pays va connaître à nouveau un temps d’élections                  – occasion de vous rappeler le devoir grave que fait l’Eglise à chaque baptisé adulte de voter – la paroisse, elle, va vivre une autre forme de scrutins… Les catéchumènes qui se préparent au baptême vont en vivre trois, qui seront célébrés ces prochains dimanches de carême. Il en est ainsi dans toute l’Eglise.

Il s’agit à chaque fois de manifester ce discernement (on « scrute ») qui s’opère pour chaque futur baptisé entre le bien et le mal. Il lui faut renoncer au mal, à ce qui conduit au mal, et choisir le Christ. On s’y reprend à trois reprises, car tout effort de conversion a besoin d’être renouvelé. La communauté prie pour les catéchumènes, et le prêtre fait une prière d’exorcisme – c’est à dire de délivrance – sur eux. Le combat spirituel nécessite l’aide de nos frères dans la foi et la grâce de Dieu pour être gagné.

C’est l’occasion pour nous tous d’entrer avec nos frères et sœurs catéchumènes dans un effort de conversion renouvelé. Comme ils le découvriront à leur tour, même si nous sommes devenus enfants de Dieu, même si nous avons choisi le Christ, notre fidélité n’est jamais acquise une fois pour toutes. Le choix de Dieu est à reposer sans cesse.  Il nous faut le refaire profondément, généreusement, joyeusement avant Pâques ! Bonne suite de carême !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La compassion plutôt que l’exclusion.

A l’époque de Jésus, les lépreux étaient exclus de la communauté, selon la loi que rappelle la première lecture. On peut le comprendre : il n’y avait pas d’autre façon de contenir l’épidémie. En acceptant d’entrer en contact avec un lépreux, en manifestant de la compassion pour lui, Jésus pose un geste qui n’est pas anodin. Il va même purifier ce lépreux et lui permettre ainsi de retrouver une vie sociale.

Au-delà de la guérison physique, on peut voir dans cet épisode l’image de la miséricorde de Jésus à l’œuvre avec nous, si souvent marqués de la lèpre du péché. Celle-ci nous exclut de la joie d’une amitié vivante avec Dieu, non parce qu’Il nous repousserait, mais parce que nous nous éloignons. Jésus n’a de cesse de revenir vers nous. Notre péché le peine, mais surtout provoque sa compassion. Il n’aime pas nous voir ainsi. Il nous montre que nous ne sommes pas trop loin pour lui. Personne ne doit s’imaginer exclu de l’amour de Dieu. Cette compassion de Jésus doit provoquer dans notre cœur le même désir exprimé par ce lépreux de l’évangile : « si tu le veux, tu peux me purifier ! ». C’est au fond toute la démarche du Carême qui commence ces jours-ci : prendre conscience de nos fautes, faire l’expérience de la compassion du Seigneur, demander pardon, vivre la guérison de notre cœur. Nous en avons tous besoin !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Face à la maladie

C’est si difficile de parler de la maladie, quand on n’est pas malade. Justement parce qu’on a peur d’avoir un discours « trop facile ». On sent bien qu’on risque d’être maladroit à chaque mot. On ne se sent pas légitime.

L’évangile de ce dimanche, la prière pour les malades d’aujourd’hui, le cri de détresse de Job … on ne peut pas fuir tout cela. Jésus guérit des malades. Il n’a pas guéri tous les malades. Il n’a pas supprimé la maladie. Le mystère reste là. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Depuis la nuit des temps, ce cri résonne face au mystère du mal de l’innocent. Jésus n’a pas répondu. Car il ne peut y avoir de réponse supportable. Cela voudrait dire qu’il y a une logique. Jésus a guéri certains malades, toujours pour mieux faire apparaître qu’un autre mal, plus caché, ronge le cœur de l’homme : le péché. Il doit nous inquiéter, plus que ce qui ne touche que le corps. Pour le reste, Jésus garde le silence. Et monte sur la Croix. Là, il prend toutes nos maladies sur lui. Il assume tout. Pour qu’elles n’aient pas le dernier mot. Pour que le Seigneur puisse tirer de nos épreuves une certaine fécondité. Pour que notre espérance soit plus forte. A sa suite, nous passons alors du « Pourquoi » qui rend fou, au « Comment » qui fait avancer. Jésus est là pour nous aider à traverser ce que nous avons à vivre, en continuant d’aimer, d’espérer, de croire. C’est d’abord cela notre prière pour nos frères et sœurs malades : qu’aucune de leurs épreuves ne soit stérile… c’est au fond la seule consolation véritable : la fécondité de notre vie, même quand elle est éprouvée.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Un cœur partagé ?

Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens semble ne pas être enthousiasmé par le mariage, au point de ne pas le recommander à ses lecteurs ! Quelle est sa difficulté ? Il voudrait nous voir tous adhérer au Seigneur sans partage, de tout cœur. Or il craint que celui qui est marié ait le cœur partagé. Peut-on aimer pleinement Dieu, et être tout à Lui, si on aime aussi son conjoint. Celui-ci – et les soucis du monde – ne risquent-ils pas de prendre la place, et même toute la place, dans le cœur de l’époux ou de l’épouse ?

Si on lit la lettre de Saint Paul en entier, et ses autres écrits, on est rassuré : il a eu des mots magnifiques sur le mariage, comparant l’amour conjugal à l’amour du Christ pour son Eglise. On ne peut pas dire qu’il mésestime le mariage ! Simplement, on peut garder ce point d’attention : comment l’amour de Dieu et l’amour du conjoint peuvent se compléter, se nourrir mutuellement, s’encourager même, et non se concurrencer. Aimer Dieu en aimant son conjoint, pour mieux aimer son conjoint, à travers son conjoint… Vouloir être un saint, pour aider mon conjoint à l’être. L’amour de Dieu rejaillit dans l’amour du conjoint. L’amour du conjoint fait la joie de Dieu. Voilà de quoi inviter chaque couple de la paroisse à prendre au sérieux sa vie spirituelle : la vie amoureuse en sortira renouvelée, car Dieu n’est pas jaloux ! Notre joie fait la sienne.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

L’urgence de la conversion

Les textes de ce dimanche sont unanimes et résonnent d’une même urgence : le temps est limité, il faut nous convertir maintenant. A cet appel, il nous faut répondre « aussitôt » : le terme revient aussi bien dans la 1ère lecture que dans l’évangile.

N’est-ce pas contradictoire avec l’idée que la durée est importante dans une démarche de foi ? N’ai-je pas besoin de temps pour progresser, découvrir, apprendre à connaître et aimer le Seigneur ?

Il y a pourtant bien une décision à prendre, un choix de vie à faire pour orienter toute notre existence. Ce choix ne peut attendre, être remis sans cesse à demain. Le « Viens, suis-moi » de Jésus réclame une réponse immédiate. Bien sûr qu’il nous faudra du temps ensuite pour mettre en œuvre tout ce que ce « oui » implique. Les apôtres eux-mêmes vont apprendre tout au long de ces trois années ce que veut dire « suivre Jésus ». Ils vont tomber, se relever, progresser, mûrir. Mais tout part de ce « oui » initial, donné un jour généreusement, comme un acte de foi un peu fou et pourtant déterminant.

Ce « oui » ressemble à celui de l’ordination ou du mariage. Il ressemble surtout à celui qu’il nous est demandé de redonner chaque dimanche. Veux-tu me suivre ? La messe, dans son déroulement même, est l’occasion de renouveler notre choix, puisqu’elle nous fait nous détourner du mal, accueillir la parole du Seigneur, décider de le recevoir et choisir de le suivre. L’accueil de notre Salut se fait toujours « maintenant » dans l’instant présent.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Que cherchez-vous ?

Voilà la question posée par Jésus à ces deux jeunes qui le suivaient, attirés par ce qu’ils avaient entendu de lui auprès de Jean-Baptiste. Question fondamentale, existentielle, si urgente à réentendre en particulier pour ceux qui sont à l’âge des fondations : « Que cherches-tu ? »

Il y a dans le cœur de chacun une soif d’idéal, d’absolu, de grandeur, de don de soi, qu’on doit laisser s’exprimer ou même éveiller et cultiver. L’homme ne rêve pas de débauche, d’argent, de paresse, d’une vie facile… Il peut tomber dans tout ça, mais cela ne le comble pas. Quelque chose dans son âme a soif d’autre chose. Qui le lui donnera ?

On ne répondra pas au fanatisme de ces jeunes djihadistes en France ou ailleurs par un laïcisme qui étouffe tout élan spirituel. On n’y répondra pas seulement non plus par des mesures sécuritaires, même si elles peuvent être nécessaires. Rien ne nous dispensera de réfléchir à l’idéal que nous offrons aux  jeunes de France, à ce qui mérite qu’on donne sa vie… à ce que veut dire même « donner sa vie ». Pour construire la paix, il faut donner des raisons de vivre. Pour que nul ne se trompe d’espérance, le témoignage des chrétiens est plus que jamais nécessaire : « Venez et voyez… »

Père Pierre-Hervé Grosjean +