Les éditos du Curé

Le combat de la foi

Au soir de sa vie, Saint Jean nous livre à travers sa lettre son testament. Ses frères les apôtres ont subi le martyr, il est le dernier. Il est confronté à la violence des hommes, à la persécution… mais aussi aux tensions qui sont déjà apparues au sein de la communauté des premiers chrétiens. Bref, de quoi hésiter, douter… Portant tout cela dans son cœur, le vieil apôtre écrit : « la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. »

Oui, croire est souvent un combat. Contre soi-même, contre ses doutes ou sa paresse. Combien « perdent la foi » faute de l’avoir entretenue avec persévérance ? Croire est aussi un combat contre « l’esprit du monde » : matérialisme et relativisme s’unissent pour nier Dieu et ses commandements, laissant penser à l’homme qu’il peut être son propre Dieu. C’est souvent rude de nous retrouver à contre-courant de notre entourage, parce qu’on choisit de croire. Rude et parfois usant. Croire est un combat contre le mal, à travers les épreuves, les blessures, les drames, nos chutes et nos rechutes qui viennent nous faire douter de la présence de Dieu ou de sa bienveillance.

Mais ce combat vaut la peine d’être mené : « Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé… » (1 Tim 6, 12). Comme Saint Paul encourageant Timothée, Saint Jean nous transmet ce qu’il a contemplé de plus précieux : « Dieu est amour… ses commandements ne sont pas un fardeau. » Si tu les gardes, si tu Lui donnes ta confiance, si tu persévères, « alors tu es né de Dieu », c’est-à-dire tu es enfant de Dieu, fils de Dieu, appelé à voir Dieu !  Ta foi te révèle ce que tu es, ce que tu as de plus précieux, et ce qui donnera à ta vie son sens et sa fécondité : tu es voulu et aimé de Dieu, sauvé par le sang de Jésus Christ, habité par son Esprit. Tout cela te rend « vainqueur du monde ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Au cœur de la nuit, une lumière

Il y a cent ans, dans les premières tranchées de la guerre 14-18, il y eu à plusieurs endroits une trêve dans les combats le jour de Noël. Soudain l’horreur de la guerre s’estompait, et dans les deux camps on se souvenait que ce jour n’était pas comme les autres. Des chants de Noël s’élevaient de la tranchée, repris par les « ennemis » d’en face, qui pour quelques heures redevenaient des frères, partageant souvent la même foi. Miracle de Noël, trop bref hélas. Aujourd’hui encore, Noël doit être un jour de paix dans les familles. Un jour qui redonne un peu d’espérance à tous ceux qui peinent et qui souffrent. Un jour qui éclaire le sens de notre vie, au cœur même des ténèbres qui peuvent parfois nous assaillir. En effet, ce jour-là, il y a plus de 2000 ans, Dieu est venu visiter son peuple. Il est venu se faire proche. La naissance de l’Enfant-Dieu a changé l’histoire du monde, en apportant la promesse du Salut : désormais, le mal, la souffrance, l’injustice, la mort… n’auront pas le dernier mot. Voilà ce qui fait tenir les chrétiens d’Irak qui fêteront Noël dans l’angoisse de la persécution, ou encore cette jeune maman pakistanaise, Asia Bibi, qui sera elle dans sa prison, attendant son exécution, simplement parce qu’elle est chrétienne. Leur fidélité si admirable est fondée sur l’Espérance de Noël, sur cet Enfant de la crèche. Puisse leur témoignage nous aider à vivre Noël en chrétiens authentiques, fervents et pleins d’espérance !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Soyez toujours dans la joie,
rendez grâce en toute circonstance »

De retour d’Irak, je me demande comment nos frères chrétiens persécutés peuvent entendre ces mots de Saint Paul aux Thessaloniciens. Ces mots semblent décalés pour nous aussi, qui avons tous fait l’expérience de coups durs, d’épreuves à traverser, de combats à mener… Nous avons bien vu qu’il est difficile, voir impossible, de ressentir toujours cette joie. Saint Paul pourtant n’est pas idiot, ni inconscient. Lui-même a dû quitter précipitamment ces chrétiens de Thessalonique pour fuir les juifs qui voulaient l’arrêter. Il sait ce qu’est la persécution. Il connaît lui aussi des combats intérieurs douloureux. Mais, sans doute que tout cela lui a fait justement rechercher la vraie joie, celle qu’apporte l’amitié de Jésus. Comme si les épreuves nous détachaient des plaisirs éphémères, des joies faciles, pour nous faire redécouvrir à la fois les petites joies simples que Dieu nous donne au jour le jour, et la joie plus profonde, plus spirituelle, qu’apporte la présence de Dieu dans nos vies. Ces joies simples, cette joie spirituelle, nous l’oublions dans le tourbillon du quotidien, car nos cœurs sont encombrés. L’épreuve vient nous appauvrir, nous décaper, pour nous ouvrir à ces joies simples et vraies. J’ai vu cette joie sur le visage de nos frères irakiens. Elle devait ressembler à celle des bergers découvrant l’Enfant de la crèche. A celle des Rois Mages, qui avaient accepté de quitter leur confort, pour se mettre à genoux devant l’Enfant Roi. C’est la joie de Noël, que seul un cœur de pauvre, d’enfant, peut accueillir pleinement.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Chers paroissiens, quand vous lirez ces quelques lignes, je serai… en Irak, aux côtés de nos frères chrétiens persécutés. Dans les camps de réfugiés d’Erbil, nos frères souffrent non seulement du climat, mais de la guerre qui continue. Après un peu d’agitation, l’opinion publique se détourne déjà. Ils craignent d’être oubliés, et leur patriarche, Mgr Sako, a lancé un appel au secours que le Cardinal Barbarin a entendu. Comme il l’avait déjà fait en août pour alerter l’Occident, il a décidé de repartir là-bas, pour prier avec eux et pour eux l’Immaculée. Pour que ce périple ait de l’écho, il a demandé à quelques-uns de l’accompagner, en plus des journalistes, pour relayer et témoigner. Voilà comment je me retrouve dans cette aventure de 3 jours… Notre évêque ne me l’a pas interdit. Comme lui, je crois que vous comprendrez que je devais accepter cette courte mission. Et j’ai dit oui avec une vraie joie et une grande paix. Je serai de retour pour célébrer Marie notre Mère, lundi 8 décembre, lors de la messe de l’Immaculée Conception à 20H. Je vous dirai ce que j’ai vu et vécu auprès de nos frères chrétiens d’Irak. Vous pouvez aussi suivre ce voyage sur la page facebook de Padreblog, ou sur le site Padreblog.fr ou encore via twitter. KTO, mais aussi des médias nationaux, le relayeront.

Je n’ai pu vous prévenir avant, le projet devant rester secret jusqu’au départ, pour des raisons évidentes de sécurité. Nous serons en grande union de prière, surtout à l’heure des messes paroissiales, pour nos frères chrétiens persécutés. A leur suite, soyons des « chrétiens ardents » dans ce temps de l’Avent. Nos frères nous montrent en effet l’exemple d’une espérance et d’une joie de croire qui demeurent, lumière fragile mais fidèle qui fait reculer les ténèbres… 
Je vous bénis !

Votre curé, Père Pierre-Hervé Grosjean +

Au cœur des ténèbres, prendre soin de la fragilité.

Les ténèbres du relativisme recouvrent aujourd’hui bien des consciences, bien des intelligences, bien des cœurs. L’avortement érigé en « droit fondamental » par les députés, là où il serait bien plus urgent d’entendre et d’accompagner les femmes et les hommes qui ont pu être blessés par ce drame, ou qui se retrouvent démunis face à une naissance difficile à assumer…  La « culture de mort »  dont parlait souvent St Jean-Paul II se diffuse. C’est maintenant les personnes en fin de vie qu’elle atteint. On nous évoque là encore « des exceptions à permettre » qui deviendront en fait demain un nouveau droit à sacraliser. La dignité de l’immigré, du pauvre, de l’enfant à naître, de la personne en fin de vie ou handicapée, de tout homme et de toute femme, n’a jamais paru aussi difficile à reconnaître et à affirmer. « Europe, où est ta soif de vérité ?! » a demandé vivement le Pape François à Strasbourg.  Il nous a donné une belle mission : « prendre soin de la fragilité des peuples et des personnes. » ajoutant : « prendre soin signifie garder la mémoire et l’espérance ». Dans la nuit, nous n’avons ni le temps ni le droit de nous décourager. Il nous faut veiller sur la fragile humanité. Il nous faut aimer et servir. Nous former et nous engager. Témoigner et accompagner. En attendant que l’aube vienne…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Contemple ton Roi

Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’Univers, s’expose nu et crucifié, couronné d’épines. Le roi a pris la place du criminel, il s’est laissé condamner par les hommes, ceux qui ne lui ont pas pardonné de ne pas être le roi qu’ils attendaient, comme ils l’attendaient.

Quel est ce roi sans pouvoir, ni puissance ? Ne te trompe pas : la puissance de ce Roi, c’est celle d’un amour fou, total, qui se donne et te sauve. Sa puissance, c’est d’aimer jusqu’au bout, jusqu’à ses ennemis. Sa puissance est dans sa fidélité. La puissance de ce Roi, c’est de pardonner sur la croix à ses bourreaux. Nietzche y voyait un acte de faiblesse, nous y voyons la puissance de Dieu, et la victoire sur le mal : chacun de nos péchés est consumé dans ce brasier de la miséricorde, ce feu si puissant du pardon. La puissance de ce Roi, c’est de vaincre la mort.  La puissance de ce Roi, c’est de nous faire participer à cette victoire sur la mort : sa résurrection annonce la nôtre. La puissance de ce Roi, c’est de transformer tout acte de charité vraie en culte rendu à Dieu. La puissance de ce Roi, c’est en effet d’identifier le tout petit dont on prend soin, tout pauvre qu’on sert, tout malade qu’on visite et qu’on soigne, à sa divine majesté : « ce que tu fais à l’un de ces petits, c’est à moi que tu le fais ! » C’est ainsi qu’on garde au cœur même de notre misère, une si grande dignité.

Contemple ton Roi, et comprends que tu ne dois pas avoir peur de lui soumettre ta vie. S’il règne en toi, ce bon Berger, c’est pour mieux te servir et te sauver.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La ( fameuse ) parabole des talents

On la connaît bien, cette parabole. Peut-être trop bien ? Du coup, on y est habitué. Prenons le temps de la relire et de remarquer peut-être quelques détails oubliés. Par exemple, que Dieu fait preuve de justice, et non d’égalitarisme. Tout le monde n’a pas reçu la même chose, il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en rendre compte. Mais Dieu est juste : il attend de nous uniquement ce que nous pouvons donner. Voilà de quoi nous encourager… et lui faire confiance. Pourquoi avoir peur ? Et que dire de cette réponse du Maître : « Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître ! » N’aimerions-nous pas l’entendre à notre tour au soir de notre vie ? Ne vient-elle pas « canoniser » nos vies toutes simples, faites de petites fidélités, bien souvent cachées : devoir d’état, services à la maison, études, engagements en paroisse, écoute et tendresse pour le conjoint, prière du soir, soin des enfants… On pourrait aussi méditer sur le thème de la paresse : c’est ce que reproche le Maître au troisième serviteur. Elle apparaît comme une injustice et un gâchis. Les talents que Dieu nous a donnés auraient pu porter du fruit. Mais la paresse a rendu stériles les dons de Dieu. C’est aussi un manque de charité : car lorsque Dieu donne, c’est pour qu’on puisse mieux servir ceux qui nous sont confiés. Demandons la grâce de découvrir les talents que Dieu nous a donnés, et de mettre notre cœur à les faire fructifier « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Vous êtes le Temple de Dieu !

Voici un passage étonnant de l’évangile : Jésus, bien loin de l’image qu’on peut parfois s’en faire, utilise la force pour jeter les marchands hors du temple. Et il ne semble pas manier le fouet si mal !

Qu’est-ce qui provoque ainsi la (sainte) colère du Fils de Dieu ?

Bien sûr, c’est la profanation du Temple : on a fait de la demeure de Dieu un lieu de trafic. Encore aujourd’hui, nos églises sont la cible de dégradations, souvent en haine de ce Dieu qu’elles abritent. A nous d’imposer le respect, en premier lieu par notre attitude de recueillement dans nos églises. Les bavardages ou les causeries avant, pendant ou après la messe n’y ont pas leur place, le parvis est fait pour cela ! Que nos gestes, nos attitudes, notre tenue manifestent un réel esprit de prière, et non une convenance sociale.

Mais Saint Paul nous aide à aller plus loin, à la suite du Christ qui évoquait déjà son propre corps comme le vrai temple… « N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu » dit-il aux Corinthiens ! Les profanations sont tout aussi graves et douloureuses quand elles atteignent ce temple-là. Quand la dignité de la personne humaine n’est pas reconnue ou respectée, quand le corps ou le cœur de l’autre est abîmé ou utilisé tel un objet, c’est l’œuvre de Dieu qui est profanée. « Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La famille, par-delà la mort

Deux événements marquent ces jours-ci : la fin de la première session du Synode sur la Famille, et les fêtes de Toussaint et du 2 novembre, jour de prière pour les défunts.

Cette famille que le Synode veut promouvoir et servir est un don de Dieu. Ce don demeure par-delà la mort. Les liens d’amour que nous avons créés sur la terre ne sont pas supprimés mais transformés par-delà la mort. Nos frères du Paradis et ceux encore dans ce temps de purification du Purgatoire nous sont profondément unis, en particulier à chaque messe et dans la prière. Le Père Sertillanges, dans un beau texte, évoquait cette nouvelle communion : « Par la mort, la famille ne se détruit pas, elle se transforme, une part d’elle va dans l’invisible. On croit que la mort est une absence, quand elle est une présence discrète (…) Plus il y a d’êtres qui ont quitté le foyer, plus les survivants ont d’attaches célestes. Le ciel n’est plus alors uniquement peuplé d’anges, de saints connus ou inconnus et du Dieu mystérieux. Il devient familier, c’est la maison de famille, la maison en son étage supérieur, si je puis dire et du haut en bas, le souvenir, les secours, les appels se répondent. »

Quelle joie et quelle consolation de savoir que des retrouvailles nous attendent, qu’un jour nos familles seront réunies au Ciel, près de Jésus. Purifiées de toute blessure et division, elles connaîtront la paix et la joie de partager ensemble le Bonheur de voir Dieu.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Le festin des noces est prêt…

 

Voici un maître, un père de famille, qui célèbre les noces de son fils. N’est-ce pas Dieu Lui-même, nous invitant au « festin des noces de l’Agneau ». Son Fils Jésus est venu « faire alliance » avec nous. La fiancée infidèle, il est venu l’épouser après l’avoir réconciliée et purifiée. Notre âme, Il s’est donné pour elle… « ceci est mon corps livré pour toi, ceci est mon sang versé pour toi… ». Ce festin célèbre ce grand mystère du Fils de Dieu qui se donne, et ne veut faire plus qu’un avec nous.

 

Ces noces, ce festin, le Bon Dieu aimerait que tous y participent. Comme il est grand ce désir de Dieu ! Il ne se laisse pas décourager par les premiers refus. Il insiste. Il a d’abord insisté pour le peuple hébreu… si peu ont écouté l’appel. L’invitation a été alors lancée au monde entier. Mais les cœurs sont tièdes. L’indifférence est blessante, surtout chez ceux qui devraient être les premiers à comprendre… Le Maître insiste. Toute notre histoire est là : Dieu veut nous faire entrer dans son amitié, nous faire participer à ces noces, et se heurte si souvent à notre peur, notre tiédeur… ou notre agenda trop rempli ! Parce que nous sommes centrés sur notre propre désir, bien souvent fluctuant. Nous ne comprenons pas ce désir ardent de Dieu, nous ne l’entendons pas !

 

Ce n’est pas rien d’être « invité au repas du Seigneur, au festin des noces de l’Agneau » comme le dit la liturgie. Heureux es-tu si tu en prends conscience. Et prends cela au sérieux, prépare-toi ! Montre au Maître non pas que tu es « digne », mais que tu as compris son désir. Que ta joie est d’y répondre. Et que cela fonde désormais ta vie.

 

Père Pierre-Hervé Grosjean +