Les éditos du Curé

Le Carême, Ecole de la Joie

Je le disais, Mercredi des Cendres, il me semble que le carême peut être pour nous une belle école de la joie. La comparaison avec la montagne nous éclaire. Les efforts ne sont pas minimes, une course en montagne a un côté éprouvant : efforts consentis pour avancer sur le sentier pentu, pour s’alléger afin de pouvoir grimper plus facilement, pour attendre et soutenir le dernier de cordée épuisé, pour se relever après une chute et repartir vers les cimes, etc… Mais ces efforts n’ont de sens que parce qu’ils sont au service de la joie du sommet, parce qu’ils la préparent, la rendent possible, et nous la font mériter. Quand on avance en montagne, on garde les yeux fixés sur le sommet. On anticipe déjà la joie qu’on va y connaître, elle nous donne la force d’avancer.

Ainsi faut-il vivre le carême, les yeux fixés sur la joie de Pâques. Il faudra accepter de monter au Calvaire à la suite de Jésus. Il faudra pour le suivre accepter de se renoncer. Il faudra se mettre « au service » à notre tour, il faudra repousser les tentations et faire l’expérience du combat spirituel. Mais tout cela n’a de sens qu’en vue de cette triple joie qui nous attend : joie d’être une joie pour Dieu en nous laissant réconcilier avec Lui et sauver. Joie de se faire serviteurs de la joie des autres, en ayant appris à donner. Joie de retrouver un peu de notre liberté intérieure, pour pouvoir choisir résolument le Christ, et à travers Lui, une vie pleine et donnée.

Saint et Joyeux Carême à tous !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La vraie révolution de Jésus

« Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l’histoire, mais aucun n’a eu la force de la révolution apportée par Jésus, une révolution qui change en profondeur le cœur de l’homme » rappelait l’année dernière le Pape François. L’évangile de ce dimanche nous le fait comprendre. Jésus n’invite pas à jeter aux orties la loi ou les traditions, tel un révolutionnaire de bas étage, qui ne cherche qu’à détruire ce qui existait avant lui. Jésus ne vient pas détruire mais accomplir. Il nous fait découvrir que notre relation à Dieu, et donc notre salut, ne dépend pas d’une observance ritualiste et théorique des commandements, mais bien de l’amour que nous aurons mis à vivre ces commandements. « M’aimes-tu vraiment ? » demande-t-il à Pierre. Voilà pour nous la question fondamentale que nous pose Jésus :  « à travers tout ce que tu observes, à travers tout ce que tu vis, est-ce que tu aimes ? ! Mets-tu ton cœur dans ce que tu fais pour moi et pour les autres ? » L’amour ne peut s’enfermer dans une liste de règlements. On n’aime pas juste ce qu’on « doit » aimer. On aime pleinement, généreusement, sans négocier ni calculer.  Cet amour-là irrigue notre obéissance, lui donne son vrai sens, sa fécondité. Cet amour-là rayonne. Cet amour-là nous comble et touche les cœurs de ceux qui nous entourent. Seul cet amour a la force d’une révolution profonde, capable de changer ce monde ! … « M’aimes-tu vraiment ? »…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Sel & Lumière

Les chrétiens s’interrogent souvent sur leur mission dans le monde. Jésus y a répondu en utilisant deux images : le sel et la lumière.

« Vous êtes le sel de la terre ». A quoi sert le sel ? A donner du goût, ou mieux, à rehausser le goût de l’aliment, à le révéler.  Mais le sel sert aussi à conserver cet aliment. Ainsi le chrétien, en vivant l’évangile, révèle à ceux qui l’entourent le sens de cette vie, et leur dignité aux yeux de Dieu. C’est aussi le chrétien qui reçoit la mission de conserver le message transmis par Jésus. Plus largement, il se fait gardien des repères essentiels sur lesquels se fonde notre société, et qui permettent à chacun d’accomplir sa vocation. Le chrétien, au cœur de ce monde, veille sur ces repères, les défend, les transmet.

« Vous êtes la lumière du monde ». Saint Paul nous explique dans la seconde lecture combien il fut craintif et tremblant au moment de s’engager dans sa mission. Si donc il fut « lumière » pour ses frères, ce n’est pas tellement en raison de ses qualités propres ou de sa sagesse, mais bien parce qu’il a laissé la puissance de Dieu rayonner à travers lui. Si le Christ vit en nous, si nous prenons les moyens d’enlever les obstacles qui pourraient obstruer ce rayonnement, alors nous serons réellement lumineux pour ceux qui nous entourent.

Remarquez bien que Jésus ne dit pas « vous serez sel ou lumière ». Jésus dit : « Vous êtes … » Encore une fois, cela nous est donné, au-delà de nos mérites. A nous de vivre selon ce que nous sommes, de devenir ce que nous sommes.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Prière pour les consacrés… et leurs parents !

Le 2 février, l’Eglise nous fait prier pour les consacrés. St Joseph et la Vierge Marie sont venus ce jour là au temple, consacrer à Dieu leur Enfant comme la loi le prescrivait.

Jésus était en fait déjà totalement donné à son Père : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. » (Lettre aux Hébreux). Mais il fallait accomplir la loi. C’était aussi pour Marie et Joseph une façon de s’associer à l’offrande de Jésus à son Père. Ils signifient enfin qu’ils sont au service de la mission de Jésus. Voilà en quoi cette scène est emprunte d’une grave allégresse : le Salut annoncé paraît enfin, et fait la joie de Syméon. Mais il passera par la Croix, et le cœur de Marie en sera transpercé.

Comment ne pas penser à ces parents qui amènent leur fils ou leur fille, encore jeune, jusqu’aux portes du monastère ? Leur cœur est à la fois douloureux et heureux face au mystère de la vocation de leur enfant. Mais ils se rappellent qu’à son baptême, ils ont promis de servir cette vocation. Ils se souviennent que cet enfant leur était confié, mais qu’il est depuis son baptême, enfant de Dieu, appelé à une mission bien particulière sur cette terre. Bienheureux ces parents qui méditent tout cela dans leur cœur, et redisent avec Marie le « fiat » – « que ta volonté soit faite » – qui donnera à l’Eglise et au monde un nouveau veilleur, un intercesseur… un ou une témoin de l’Amour absolu dont Dieu nous a aimés.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Unité !

Dans sa lettre aux corinthiens, Saint Paul se scandalise des divisions qui apparaissent déjà au sein des premières communautés chrétiennes, et lance un appel à l’unité. Cela doit nous faire méditer à plusieurs titres.

« Que tous soient un, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » dit Jésus dans sa prière du jeudi saint adressée à son Père. La division des chrétiens, et parfois des catholiques même, atténue le rayonnement missionnaire en offrant un contre-exemple dramatique. Saint Paul en fait d’ailleurs une solution : ne faut-il pas, sans nier nos différences de sensibilité, voire de doctrine avec nos frères d’autres confessions chrétiennes, chercher des terrains d’évangélisation communs ? Trouver des sujets (défense de la famille, de la vie) sur lesquels nous pouvons nous retrouver et œuvrer ensemble ?  C’est un œcuménisme en actes, pratique, concret au service d’un bien commun plus grand que nous.

Mais cela vaut aussi pour ces prochaines élections. Des chrétiens, des paroissiens se sont engagés sur différentes listes. D’autres militent dans différents partis. Je ne peux qu’encourager chacun à prendre part au souci du bien de la cité, selon sa vocation. Mais que rien ne blesse la charité qui doit exister entre fidèles d’une même paroisse. Ce sera même un beau témoignage à offrir à la ville : que chacun défende ses convictions et son projet avec justesse et honnêteté, mais reste capable de prier avec « celui d’en face » le dimanche à la messe. Le geste de paix aura là tout son sens. Non celui d’une « trêve » ! Mais le signe qu’un plus grand que nous, nous rassemble.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Servir le respect de la vie.

Lundi, sera proposée à l’assemblée une modification de la loi sur l’avortement, pour effacer la mention « situation de détresse », dans le but de faire de l’IVG une opération « comme une autre » afin de n’effrayer personne.  Plutôt que d’accompagner la souffrance des femmes qui ont vécu une IVG, ou d’aider celles qui voudraient garder leur enfant mais sont confrontées à des difficultés psychologiques, affectives, ou économiques, on poursuit la banalisation d’un acte qui concerne déjà 250.000 enfants par an, et blesse le cœur de tant de parents.  Ces jours-ci, l’instrumentalisation médiatique de cas douloureux se poursuit pour nous faire accepter peu à peu l’idée d’euthanasie, voire de suicide assisté.  Le Président a annoncé qu’une nouvelle loi serait présentée dans ce sens au parlement l’été prochain.

Un monde sans Dieu est un monde sans espérance. L’homme sans Dieu se retrouve si seul devant le mystère de la vie et celui de la mort. La tentation de toute puissance, nourrie par les progrès de la technique, se fait alors d’autant plus forte.

Nous devons, comme citoyens, nous impliquer dans le débat public, interpeller nos élus, militer pour le respect  de la vie. Mais cela ne suffira jamais. Il nous faut aussi, en chrétiens, redonner cette espérance à nos frères et sœurs, cette espérance qui fait accueillir la vie comme un don, et voir en elle la beauté et la dignité que Dieu lui donne, au-delà de toutes les fragilités. Cette espérance qui nous dit que toute vie aura sa fécondité et son utilité. Cette espérance qui nous assure que notre vie, même diminuée ou blessée, est précieuse aux yeux de Dieu. Autour de nous, accompagner, encourager, aimer jusqu’au bout pour révéler à chacun sa dignité, et lui donner cette « petite espérance » qui fait vivre : voilà notre mission.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

L’année Saint Louis.

 

Ce dimanche, toutes les paroisses de notre diocèse entrent dans « l’année Saint Louis ». Cette année jubilaire a été voulue par notre évêque pour commémorer le 8ème centenaire du baptême de Saint Louis à Poissy. Ce roi disait lui-même :  « c’est en la cité de Poissy que j’ai reçu la grâce du saint baptême, laquelle chose je tiens sans comparaison [comme] le plus grand don de Dieu ». La date et le lieu de son baptême comptaient plus à ses yeux que le reste, au point qu’il signait souvent ses lettres « Louis de Poissy ».  Roi de France, il aimait encore plus le titre « d’enfant de Dieu » que nous partageons avec lui. Cette année nous est donnée pour raviver en nous la grâce de notre baptême. Nous irons en paroisse le 25 mai vivre la démarche jubilaire à la Collégiale de Poissy, et nous mettre sous la protection de Saint Louis, patron de notre diocèse.
Dès maintenant, demandons la grâce que nos actes et nos paroles révèlent à tous ce que nous sommes : enfants de Dieu, filles et fils bien-aimés du Père.

Père Pierre-Hervé Grosjean+

Saint et Joyeux Noël

Ces quelques lignes, chers paroissiens, pour vous souhaiter un saint et joyeux Noël. L’Enfant de la crèche vient éclairer nos vies de sa douce clarté, les ténèbres reculent, un sauveur nous est donné. Il ne nous sera plus jamais enlevé, « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » nous promet-Il. Voilà ce qui fait notre joie ces jours-ci : Dieu proche de nous, « Dieu présent dans toute vie, même la plus abîmée » comme le rappelait récemment le Pape François. Votre vie est précieuse, Dieu est venu la visiter ! Les épreuves n’en sont pas supprimées, mais vous n’êtes plus seul pour les traverser. Et vous recevez la promesse qu’elles n’auront pas le dernier mot.

Est-ce un hasard ? A l’heure de fêter Dieu qui vient rejoindre la fragilité de nos vies, le débat sur l’euthanasie est relancé de plus belle, avec les mêmes mensonges : changement de vocabulaire, manipulation par les sondages, instrumentalisation de l’émotion… Comment pourrions-nous accepter que notre société érige le suicide assisté en solution ? Ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie : mais ensemble luttons contre la souffrance, entourons les malades ou les personnes en fin de vie, accompagnons-les jusqu’au bout. Que nul ne vive sa fin de vie isolé, sans se sentir aimé et entouré. Voilà ce qui serait le vrai progrès ! « Quand on ne peut plus donner des jours à la vie, il faut donner de la vie aux jours » (Pr. Bernard). Que l’Enfant Dieu nous y aide, et nous comble de sa Joie, pour mieux offrir au monde, et à ceux qui souffrent en particulier, cette douce Espérance de Noël.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Patience et Endurance…

Il en a fallu au peuple élu pour attendre et préparer la venue du Messie, de génération en génération… Tout l’Ancien Testament témoigne de cette persévérance à espérer, de cette lutte pour rester fidèle dans l’attente, de ces tentations au découragement, à la résignation. Rappelons-nous cette récrimination du peuple lors de la fuite d’Egypte : certains préféraient retourner en arrière, même comme esclaves, plutôt qu’endurer cette marche interminable et dangereuse vers la terre promise.

Patience et endurance… il en a fallu à St Jean-Baptiste, au fond de sa prison. Il avait annoncé le sauveur, désigné le Messie. Les foules qui le suivaient se sont mises à suivre Jésus, et lui a connu l’isolement en prison. Pire : le voici en proie au doute, comme s’il entrait dans la nuit de la foi : « Es-tu vraiment Celui qui doit venir ? ». Le combat de la foi n’est jamais acquis une fois pour toute. Il demande beaucoup d’endurance, surtout quand l’épreuve s’annonce. La puissance de Dieu semble tarder à se manifester.

Patience et endurance… il en faut à l’Eglise tout au long de son pèlerinage sur la terre, pour attendre le retour du Christ dans sa gloire. La messe est célébrée « jusqu’à ce qu’Il revienne » pour fortifier notre persévérance. Pourquoi se fait-il attendre ? Tant de mal, tant de souffrances, tant d’injustices à vaincre définitivement !

« Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » dit Jésus. Heureux celui en effet que ce temps d’attente n’aura pas découragé, ni fait tomber dans le doute, mais qui aura persévéré humblement dans la confiance. Il sera prêt à accueillir le Maître à son retour.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Convertissez-vous !

Le thème de ce deuxième dimanche de l’Avent est assurément celui de la conversion. C’est l’occasion de revenir sur les deux sens que ce mot peut avoir.

Il signifie d’une part un changement de religion. Comme Isaïe le laisse entendre, Saint Paul nous explique que le salut apporté par le Christ est offert à tous, non seulement aux juifs mais aussi aux nations païennes. Voilà pourquoi l’Eglise n’a jamais renoncé à évangéliser. Le respect de la démarche spirituelle des croyants d’autres religions ne doit pas nous faire renoncer à espérer et à œuvrer à leur conversion.
Si le Christ est LE chemin, LA vérité et LA vie, et non un chemin parmi d’autres, alors nous voulons que tous le connaissent.

La conversion, c’est aussi bien sûr cette démarche qui consiste à se détourner de nos péchés pour accueillir le salut offert par Jésus. St Jean-Baptiste nous y encourage de façon pressente, et le temps de l’Avent nous est offert pour cela. Cette conversion là n’est jamais terminée. L’adage dit « choisir, c’est renoncer ». Nous faisons l’expérience qu’effectivement, choisir le Christ nous entraîne à renoncer au mal, pour que notre «oui soit un vrai oui ». L’Enfant de la crèche saura nous transmettre sa joie, premier fruit de notre conversion.

Père Pierre-Hervé Grosjean +