Les éditos du Curé

Face à l’échec

Ce matin là, Jésus retrouve les apôtres en situation d’échec. Ils ont peiné toute la nuit, sans prendre aucun poisson. Ils sont découragés, et en proie au doute. Cette expérience, sans doute l’avons nous tous vécue d’une façon ou d’une autre, quel que soit notre âge, dans des domaines très variés : professionnel, affectif, spirituel, humain, sportif, etc… Ce que Jésus leur dit alors pourrait nous éclairer :

« Avance au large ! »

Sois libre ! Ne te considère pas prisonnier de tes erreurs, de tes échecs. Reconnais-les, pour mieux les dépasser en choisissant d’avancer. Le Seigneur vient nous libérer du poids de nos fautes, de nos fragilités, de nos pauvretés. Non en les effaçant, mais en nous rendant capables de les porter, pour mieux avancer avec.

« Jette tes filets »

Recommence, relève-toi, repars ! Comprends que c’est ta persévérance qui portera du fruit, ou plutôt que c’est ta persévérance – comme signe de ta confiance – que Dieu rendra féconde. Cultive un optimisme réaliste, et surtout une douce espérance.

« Sois sans crainte »

Ose confier cet échec au Seigneur, et laisse-toi aider par ceux qu’Il mettra sur ta route. Dieu sait ce que tu vaux,  Dieu ne te réduit pas à l’échec d’un instant, ou dans un domaine de ta vie. Dieu te rend capable. Ta mission continue, bien au-delà des échecs apparents et ponctuels.

La leçon de la pêche miraculeuse, c’est qu’un échec confié au Seigneur peut se transformer en victoire imprévue !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« S’il me manque l’amour, je ne suis rien. »

Nous entendons souvent cet hymne à la charité de Saint Paul lors des célébrations de mariage. Effectivement, il serait bien difficile de trouver une plus belle description de l’amour que celle que donne Saint Paul : « L’amour prend patience, l’amour rend service, l’amour ne jalouse pas… »

Nous entendons moins ce qui précède : l’avertissement de Saint Paul à ceux qui pourraient s’enorgueillir de leur vie spirituelle ou de leurs bonnes actions. A eux, à nous tous, à lui-même qui a tant fait, l’apôtre rappelle : « s’il me manque l’amour, je ne suis rien ».

Cela peut nous faire réfléchir sur trois points :

–      comment améliorer notre pureté d’intention ? Il ne s’agit pas seulement de faire des choses bien, ou d’éviter le mal. Mais d’agir par amour. C’est l’amour qui va donner du prix aux petites fidélités du quotidien.

–      « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » dit St Jean de la Croix. Au fond, quels que soient mes faiblesses, mes fautes, mes combats, mes fragilités, il y a une chose que je peux toujours encore faire : aimer mon prochain, vouloir son bien, prier pour lui, le servir. Et c’est le meilleur moyen de réparer mes fautes.

–      « Aime et fais ce que tu veux » Saint Augustin est audacieux en écrivant cela. Il nous fait comprendre qu’un amour authentique du Seigneur nous poussera forcément à vouloir ce qu’Il désire pour nous. Si j’aime le Seigneur, j’aime ce qu’il me demande. Ma boussole intérieure est sur le bon cap, je peux donc librement me donner à ce que je me sens appelé à vivre.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

L’unité dans la diversité

La première lettre de Saint Paul aux Corinthiens entendue ce dimanche éclaire à la fois la semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui s’est achevée vendredi, la visite de notre évêque aujourd’hui, et notre vie paroissiale au quotidien.

Saint Paul nous parle en effet de la beauté de cette diversité observée dans l’Eglise, et de son utilité. Nous avons besoin des charismes de chacun, et chaque baptisé a une place, un rôle, une mission importante. Pas plus ou moins importante que le voisin… Une mission importante en elle-même. Parce que chacun est unique, et donc irremplaçable.

Saint Paul nous montre qu’il ne faut pas réfléchir en terme de pouvoirs, de droits à revendiquer, ou « d’égalité des droits », mais bien en terme d’égale dignité, et de complémentarité. Egal ne veut pas dire semblable.

Pour que cette diversité reste une richesse, il faut qu’elle se concilie avec l’unité. L’unité se fait autour de la foi, reçue et professée ensemble, et de l’obéissance à ceux qui ont reçu la mission de tenir le gouvernail et la boussole : le Pape, nos évêques et ceux qui les assistent. L’obéissance n’est pas au détriment de la diversité, mais la rend possible : sans obéissance, ni principe unificateur, la diversité dérive vers l’individualisme : chacun décide dans son coin, selon sa sensibilité, et finalement, la loi du plus fort s’impose à tous. L’obéissance nous libère de cette tentation, et nous permet de suivre ensemble, tels que nous sommes, le même Bon Pasteur.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

La confiance de Marie à Cana

Dans ce beau récit que nous connaissons bien, nous pouvons nous attarder sur le rôle de Marie, pour mieux se mettre à son école.

 

Marie est attentive, comme peut l’être une mère, aux soucis de ses enfants. Pleine d’attention aux uns et aux autres, même dans les petites choses, elle a remarqué qu’il manquait du vin. Les noces, à l’époque de Jésus, duraient plusieurs jours. La fête risquait de s’interrompre, provoquant la déception de tous et la honte des jeunes époux.

 

Marie n’adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement : « Ils n’ont pas de vin ». Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Marie remet tout au jugement du Seigneur, et invite les serviteurs à la même docilité : « Faites tout ce qu’Il vous dira ».

 

Ainsi, elle nous enseigne à prier: ne pas vouloir affirmer face à Dieu notre volonté et nos désirs,  ni exiger qu’ils se réalisent, aussi importants et raisonnables qu’ils puissent nous sembler; mais les présenter devant Lui et le laisser décider de ce qu’il veut faire. De Marie, nous apprenons la bonté prête à aider, mais également l’humilité et la générosité d’accepter la volonté de Dieu, en ayant confiance en Lui, certains que sa réponse, quelle qu’elle soit, servira notre bien véritable.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Les lectures de ce dimanche sont toutes centrées sur le baptême. La lettre de Saint Paul à Tite nous offre en particulier un magnifique résumé de la théologie du baptême, comme instrument de notre salut.

Saint Paul nous explique ainsi les effets du baptême : la grâce de Dieu nous est donnée à la fois pour vivre notre vocation d’homme ou de femme et de chrétien en ce monde : la grâce de Dieu nous rend capable de vivre « en hommes raisonnables, justes et religieux».  Mais l’Esprit Saint est aussi répandu en nous pour que nous puissions connaître le bonheur de voir Dieu. Le baptême est fait pour cette vie et pour le Ciel. Il nous donne « l’espérance de l’héritage de la vie éternelle ». Par le baptême, ma vie prend une nouvelle orientation : elle devient un pèlerinage vers le Ciel.

Au delà de cette dimension personnelle, il y a une dimension communautaire : par le baptême, nous sommes agrégés au Peuple de Dieu, qui est l’Eglise. On n’est jamais chrétien tout seul.

Saint Paul insiste enfin sur la gratuité du Don de Dieu qui se manifeste à travers ce sacrement. Voilà pourquoi l’Eglise a toujours voulu baptiser les tout-petits, montrant ainsi que Dieu n’attend pas qu’on le mérite pour se donner à nous.

Voici, en quelques mots, expliqué ce grand sacrement. Prenons le temps de méditer ce que nous avons reçu, et faisons de notre vie un immense « merci », une action de grâce au Seigneur. Il a fait de nous ses fils, ses filles… Il n’y a pas de plus beau titre que celui que nous portons : « Enfants de Dieu » !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

 

Saint et Joyeux Noël

Dans quelques heures, nous célèbrerons la naissance du Sauveur. Cette fête de Noël a, plus que toute autre fête, une connotation familiale. Autour de la Sainte Famille, viennent prier toutes les générations. Beaucoup d’entre nous ont la grâce de voir leur famille se réunir à l’occasion de Noël. Occasion précieuse de retrouvailles, parfois de réconciliation, souvent de moments de paix vécus ensemble.

Notre paroisse est aussi, d’une certaine façon, comme une autre famille pour nous. Pour certains, c’est la seule famille qu’il reste. Aussi, comme on le fait à Noël, je voudrais vous inviter à penser aux membres de notre famille paroissiale qui nous ont quitté, qui fêteront pour la première fois Noël en présence de l’Enfant Roi au Ciel, comme nous l’espérons, mais qui nous manqueront quand même ici bas.

Nous penserons aussi plus spécialement aux paroissiens qui traversent une épreuve, quelle qu’elle soit : solitude, maladie, chômage, souffrance psychologique, séparation, deuil à vivre, doutes, combats intérieurs, précarité… Quand un membre de la famille souffre, c’est toute la famille qui le porte. Qu’ils sachent, ces paroissiens dans l’épreuve, que nous prions pour eux et avec eux.

Que la joie douce et paisible de Noël vienne vous éclairer chacun. Qu’elle vous permette peut-être de vivre en famille des réconciliations qui tardent. Qu’elle apaise les craintes. Qu’elle vienne aussi toucher les cœurs endurcis. Qu’elle nous donne à tous, au seuil de cette nouvelle année 2013,  la certitude d’être aimés par ce Dieu qui pour nous s’est fait proche.

Saint et Joyeux Noël, et belle année 2013 !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

 » Non possumus ! « 

Il est très rare que des évêques, des prêtres, des paroisses encouragent les fidèles à manifester. A vrai dire, ce n’est pas vraiment dans notre culture… Voilà pourquoi nous avons été très nombreux à écrire à nos élus pour réclamer ce grand débat national autour du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Nous aurions en effet préféré que se tiennent des Etats Généraux de la famille et du mariage, qui nous auraient tous forcés à travailler la question de la famille sur le fond et dans la durée. Mais ce débat nous a été refusé. Pire : alors qu’on nous le promettait au moins à l’Assemblée, les auditions y ont été insupportables de suffisance et d’agressivité vis à vis des dignitaires religieux en particulier. Elles ont été bâclées, parfois même sans donner de place aux opposants au projet de loi ou en réduisant au minimum leur nombre ou leur temps de parole. Bref, un déni de démocratie.

Alors il ne nous reste plus effectivement que la rue. Il faut que le peuple de France fasse entendre son bon sens. Il ne s’agit pas de manifester contre des personnes, mais pour ce que nous croyons essentiel : le prix et la grâce que représente pour un enfant la complémentarité père-mère. Ce trésor que les évènements de la vie parfois enlèvent à certains, il serait profondément injuste que la loi le vole à d’autres en amont. Nous, catholiques, serons parmi tant d’autres. Parce que nous sommes aussi citoyens. Parce que l’évangile nous a donné un critère simple pour discerner le bien-fondé d’une loi : sert-elle le bien du plus fragile ? Et qu’à la lumière de cela, reprenant le cri des premiers chrétiens face aux ordres iniques de l’empereur, nous ne pouvons que redire aux gouvernants d’aujourd’hui : « non possumus » – « Nous ne pouvons pas vous suivre».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Jean Baptiste, un saint pour aujourd’hui.

La figure de Saint Jean-Baptiste est d’actualité à double titre aujourd’hui.

D’une part, nous sommes invités à marcher à sa suite, pendant ce temps de l’Avent, pour nous préparer avec la même ferveur à la venue du Christ. C’était un « saint ardent »  qui savait partager et transmettre son espérance et son désir de la venue du Sauveur.  Aujourd’hui, plus que jamais, il nous faut cette même ferveur non seulement pour nous convertir nous mêmes, mais aussi pour transmettre à ceux qui nous entourent le désir de Dieu. Noël restera toujours une occasion particulièrement favorable de parler de Dieu autour de nous, en expliquant notre façon de vivre cette fête, et le sens qu’elle peut avoir dans notre vie.

D’autre part, Saint Jean-Baptiste est un bel exemple de témoignage rendu à la Vérité face au pouvoir politique. N’oublions pas qu’il a été assassiné pour avoir dit à temps et à contretemps ce qui était bien, et ce qui était mal.  Encore plus étonnant, dans le contexte actuel : Saint Jean-Baptiste est mort pour avoir défendu tout simplement la vérité du mariage. Il dénonçait en effet les « petits arrangements » d’Hérode à ce sujet. La persécution aujourd’hui n’est pas la même. Plus insidieuse, plus sous-jacente, elle peut aussi amener au « martyre médiatique ». La violence des attaques, au sein même de l’Assemblée Nationale, contre le Cardinal Archevêque de Paris entre autres – violence dénoncée par le Grand Rabbin de France – et dans les médias, nous rappelle  que de tout temps, le témoignage rendu à la Vérité peut coûter cher. Y sommes-nous prêts dans notre cercle d’amis, de collègues de travail ? Prions-nous pour ceux qui y seront appelés ?

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Les trois avènements

Nous entrons dans ce temps de l’Avent, qui nous fait préparer non pas seulement la venue de Jésus à Noël, mais bien ses trois avènements.

Nous allons célébrer à Noël le premier avènement : le Fils de Dieu, le Verbe fait chair, entre dans notre monde, dans notre histoire. L’Avent nous fait replonger dans l’attente ardente des prophètes, du peuple élu, pour revivre dans la foi cette venue, pour en rendre grâce. «  Combien auraient aimé voir ce que vous voyez ! » La crèche nous révèlera le mystère de l’amour de Dieu : un Dieu tout puissant qui vient se faire petit enfant pour nous sauver.

A l’autre extrémité de l’histoire : nous préparons, nous attendons le retour du Christ dans sa gloire. Il est venu dans le silence, il  reviendra en gloire, triomphant, pour établir son règne de paix, d’amour. A chaque messe, nous le disons dans le Credo, ou juste après la consécration : « nous attendons ton retour dans ta gloire. » Les textes de ce dimanche nous encouragent à veiller pour être prêts.

Mais entre ces deux avènements vient s’en cacher un troisième. Avènement silencieux, mystérieux : Le Seigneur veut venir nous visiter, veut faire de notre âme sa demeure, la demeure de Dieu parmi les hommes !!! Dieu se rend présent dans chaque instant, Dieu descend à nous dans les sacrements : « Aujourd’hui, je veux demeurer chez toi ». Que ce temps de l’Avent soit aussi l’occasion de raviver notre désir de recevoir le Christ dans les sacrements, de nous ouvrir au désir du Christ de venir nous visiter.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Un Roi si particulier

Nous célébrons ce dimanche le Christ Roi de l’Univers. Belle occasion de méditer sur la façon dont son autorité s’exerce, pour mieux suivre son exemple.

Un Roi Berger : Le Seigneur Jésus est le Bon Pasteur, celui que ses brebis écoutent. Il les connaît, chacune par leur nom. Ce n’est pas un Roi inaccessible, lointain. Au contraire, il est venu marcher à nos côtés, pour nous montrer le Chemin. C’est un premier de cordée, qui a daigné partager ma condition humaine, mes limites et mes souffrances, pour me rendre victorieux dans cette grande ascension qu’est ma vie.

Un Roi Serviteur : Le Seigneur Jésus « n’est pas venu pour être servi mais pour servir » selon ses propres mots. Un Roi qui s’agenouille devant ses sujets, pour leur laver les pieds, et leur donner l’exemple d’une autorité vécue comme un service du plus petit, et de ceux qui nous sont confiés. Un Roi qui me fait découvrir qu’on grandit en faisant grandir les autres, qu’on est heureux quand on se fait serviteur de la joie de ceux qui nous sont confiés.

Un Roi Crucifié : le Seigneur Jésus révèle sa puissance non pas en écrasant ses bourreaux, mais en leur pardonnant. C’est un Roi aux mains vides, mais grandes ouvertes, capable de bénir, de pardonner, et de sauver. C’est un Roi qui donne sa vie pour ses sujets, un Roi qui m’apprend qu’on ne peut conduire ceux qui nous sont confiés qu’en les aimant, et qu’aimer veut dire se donner, et se donner totalement.

Père Pierre-Hervé Grosjean +