Les éditos du Curé

« Sentinelles du matin »

Nous l’oublions peut-être, mais chaque messe est célébrée « jusqu’à ce qu’Il revienne », dans cette attente du retour du Christ dont parlent les lectures aujourd’hui.

L’Eglise nous enseigne en effet qu’à la fin des temps, le Christ reviendra dans la gloire. Auront lieu d’abord la résurrection des morts, puis le jugement dernier : celui-ci « révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre » (CEC n°1039) Après le jugement universel, « les justes régneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et l’univers lui-même sera renouvelé » ( CEC n°1042 ). Le Royaume de Dieu sera arrivé à sa plénitude. Le projet de Dieu sera réalisé, pleinement achevé : l’humanité réconciliée sera pour toujours unie à Dieu : « Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé  » (Ap 21, 4)

On ne peut comprendre le monde, ni l’histoire sans avoir cet horizon. Notre terre est encore « dans les douleurs de l’enfantement », nous vivons dans un monde qui passe. La mort, l’injustice, la souffrance ne sont pas définitives, n’auront pas le dernier mot, ni de notre histoire, ni de l’Histoire des hommes. Voilà la « bienheureuse espérance » qui anime l’Eglise en pèlerinage sur cette terre !

Ce retour, nous n’en connaissons ni le jour ni l’heure. Cela ne doit pas nous mettre dans l’inquiétude mais nous garder en éveil. C’est ce que Jean-Paul II nous demandait en 2002 : « Laissez de côté toute crainte et incertitude : rappelez-vous que vous devez être les « sentinelles du matin », toujours prêtes à annoncer l’événement du jour nouveau, qui est le Christ ressuscité »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Mère voici vos fils qui se sont tant battus… »

En ce 11 novembre, nous prions tout spécialement pour ceux qui sont morts pour la France, lors des différents conflits dans lesquels notre pays a été engagé.

Ils n’étaient pas tous chrétiens. Ils n’étaient pas tous des saints. Ces guerres n’étaient pas « belles » ni « bonnes » même si certaines étaient sans doute « justes ». Mais ils ont donné leur vie pour nous. Encore aujourd’hui – en Afghanistan en particulier – des soldats, souvent jeunes, payent de leur vie l’accomplissement de leur mission. Ils le font sans bruit, sans se plaindre, sans faire grève ni chercher les honneurs. Uniquement pour remplir la mission confiée. Pour mériter la confiance du chef. Pour protéger le camarade blessé. Pour que l’épouse et les enfants restés au pays puissent vivre en paix.

La première des reconnaissances est de ne pas oublier ce que nous leur devons. La deuxième est d’éduquer notre jeunesse d’aujourd’hui à la grandeur du don et du sacrifice, quelles qu’en soient les modalités : on peut aussi donner sa vie jour après jour, dans l’accomplissement fidèle et caché de son devoir d’état. La troisième est de prier pour le salut de l’âme de ces fils et filles de France, comme le faisait Péguy :

« Mère voici vos fils qui se sont tant battus (…) Mère voici vos fils et leur immense armée. Qu’ils ne soient pas jugés sur leur seule misère. Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée. »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Que je voie ! »

Le cri du cœur de l’aveugle de Jéricho en réponse à la question de Jésus : « Que veux tu que je fasse pour toi ? » prend un relief particulier à l’approche de la Toussaint et du 2 novembre.

En effet, nous pourrions entendre à travers ce cri celui de tout homme, qui depuis le premier péché des origines, ne voit plus Dieu. La faute originelle nous a privé de la vision de Dieu, de ce face à face avec notre Créateur. L’homme se cache, il ne peut plus se tenir en présence de Dieu. Dieu ne lui est plus évident.

Par le baptême, nous sommes guéris et retrouvons notre vocation à voir Dieu. « Je veux voir Dieu, le voir de mes yeux, joie sans fin des bienheureux… » chantons-nous souvent. Désirons-nous cette rencontre ? On peut ne pas vouloir y penser. Pourtant, il ne s’agit pas de se faire peur, mais de permettre que ce but puisse éclairer toute ma vie. Ma vie est belle parce qu’elle me prépare à ce face à face. Elle m’est donnée pour cela. Je ne peux pas la gâcher !

A la Toussaint, nous célébrons ceux qui connaissent la joie de se tenir en présence de Dieu. Nous communions à leur bonheur. Nous sommes faits nous aussi pour ce bonheur ! Le 2 novembre, nous prions pour ceux qui, au Purgatoire, ont encore besoin d’être apprêtés et purifiés pour entrer dans ce face à face. Nos prières participent à leur préparation ultime. « Qu’ils puissent te voir, Seigneur, après t’avoir cherché, aimé et servi ! ». Par delà la mort, entre ceux qui Le voient déjà et ceux qui sont appelés à Le voir, le Seigneur permet ainsi qu’il y ait une vraie communion de prière et de charité.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Si tu veux être le premier…

S’il y a bien un gros mot dans l’esprit de nombreux catholiques, c’est celui d’ « ambition ».  D’ailleurs, nous sommes assez choqués par l’attitude de Jean et Jacques : se « répartir les postes » alors que le Seigneur vient d’annoncer sa Passion, c’est au mieux indélicat, au pire le signe d’une ambition démesurée… qui ternit les motivations de leur suite du Christ !

Jésus pourtant ne s’offusque pas. Au contraire, il les amène à approfondir et à purifier leur désir. Devant les autres qui se scandalisent (sans doute plus par jalousie que par vertu !) Jésus explique: « Celui qui veut devenir grand, qu’il se fasse serviteur » « Celui qui veut être le premier, il sera l’esclave de tous ».

Jésus ne vient pas casser nos grands désirs, notre envie d’entreprendre, de gagner, d’exercer des responsabilités, de développer nos talents…  Jésus n’encourage aucun misérabilisme et n’aime pas la fausse humilité. Mais il nous révèle ce que peut être l’ambition d’un chrétien : une ambition que la foi ne vient pas brider mais purifier en lui donnant son vrai sens, sa profondeur et sa force. Une ambition qui, parce qu’elle est chrétienne, ne peut être individuelle mais bien collective, pensée comme un service,  un don de soi pour faire grandir ceux qui nous sont confiés. Une ambition qui se transforme en exigence : grandir pour que ceux qui me sont confiés grandissent. M’accomplir en leur donnant les moyens de s’accomplir. Faire de leur réussite ma vraie réussite. Etre un saint « pour qu’il y ait plus de saints »…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Par amour…

Ce jeune homme riche qui s’approche de Jésus porte en lui une question fondamentale, LA question qui habite le cœur de tout homme : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ». Bien sûr, tous les hommes ne savent pas que cette vie éternelle leur est offerte, mais tous ont soif d’un bonheur véritable, plein, entier, sans fin, qui les comble vraiment. Un bonheur qui dépasse leurs faiblesses et les limites de ce monde.

La réponse de Jésus est éclairante. Comme première étape, il offre les commandements : en renonçant à ce qui nous abîme, nous retrouvons notre liberté intérieure. Mais éviter le mal ne suffira pas à nous combler. La deuxième étape est un appel à aimer : « Si tu le veux, viens…suis-moi ! ». Jésus, touché par la soif de ce jeune, lui propose de devenir un second St Jean ! Cet appel à entrer dans une amitié réelle avec le Christ nous est lancé à tous. Notre Bonheur véritable est là, dans cette suite du Christ. Car cette amitié avec le Christ donne du sens à notre observance, et la rend possible. Par amour, nous sommes capables du meilleur !

La morale ne peut être déconnectée de la foi comme nous le disions la semaine dernière. Elle ne peut être déconnectée non plus de l’amour. L’amour est la maturité de l’obéissance : la contrainte ou la peur de la sanction laisse la place au choix d’aimer, le découragement laisse la place au choix de se laisser aimer…

Si ce jeune homme avait gardé les yeux fixés sur Jésus, il aurait vu de quel Amour il était aimé, et à quel amour il était appelé ! Au dessus de ses forces, cela lui aurait été donné. Ne détournons jamais les yeux du Crucifié : nous y puiserons le désir et la capacité de le suivre. Pour notre plus grand Bonheur.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Année de la Foi : Le Pape veut nous réveiller !

« Le préjudice pour l’Église ne vient pas de ses adversaires mais des chrétiens attiédis » Ces  paroles de Benoît XVI, prononcées en Allemagne, éclairent les motivations de cette « Année de la Foi ». Voulue par le Pape, elle s’ouvre ce 11 octobre, 50 ans après l’ouverture du Concile Vatican II.

Est–ce une nouvelle stratégie que le Pape veut promouvoir ? Des nouvelles techniques de communication ? Des nouvelles structures ? Non. Même si ces moyens ont leur place, Benoît XVI veut surtout raviver la ferveur et la foi des chrétiens. Il faut des « saints ardents » disait le Pape aux jeunes allemands. Il faut des priants : «Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui parlent à Dieu pour pouvoir parler de Dieu » et des chrétiens qui ne le soient pas à moitié. Il s’agit de les rendre plus missionnaires en les rendant plus croyants eux-mêmes. « Nous souhaitons que le témoignage de vie des croyants grandisse en crédibilité. Redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée, et réfléchir sur l’acte lui-même par lequel on croit, est un engagement que chaque croyant doit faire sien, surtout en cette Année ».

Voilà au fond l’objectif de cette « Année de la Foi » pour nous catholiques : « redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi ». C’est une vraie réforme spirituelle, un travail de conversion profond et collectif auquel nous convie le Pape en 2012 : « L’Année de la foi est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde. » Il n’en fallait pas moins pour nous réveiller !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Je ne peux  rester silencieux »

« Je ne peux rester silencieux » : ces mots vous les découvrirez dans la déclaration de notre évêque, Mgr Aumonier, qui est transmise aujourd’hui dans toutes les paroisses du diocèse. Ces mots sont prononcés face à une injustice, qui sera faite à des enfants à qui on volera les mots pourtant sacrés de « père » et « mère », devenus « parent 1 » et « parent 2 » ( Vous ne rêvez pas, c’est ainsi mentionné dans le projet de loi ouvrant l’adoption aux couples de même sexe ).

Ces mots sont comme un écho des paroles fortes, prononcées par un autre évêque, St Jacques, il y a près de 2000 ans. Dans sa lettre, l’Apôtre s’insurge contre l’injustice sociale et l’indifférence de certains riches face aux drames de la pauvreté.

Deux exemples de prise de parole d’évêque, hier et aujourd’hui. Deux interpellations des consciences, face à deux formes d’injustice. Le sujet n’est pas strictement « spirituel ». L’Eglise ne s’est jamais réduite au cultuel. L’Eglise s’est toujours faite la gardienne de la dignité de l’homme, des plus petits et des plus fragiles en particulier. Elle se veut servante du bien de l’homme, dans toutes ses dimensions, sans en négliger aucune.

Aujourd’hui, à travers la voix de notre évêque, l’Eglise ne reste pas silencieuse.  Avec un immense respect pour les personnes, avec une bienveillance qui appelle au dialogue, avec intelligence et confiance, avec une douce mais vraie fermeté, elle se fait la voix des sans voix, de ces petits dont parle l’Evangile, de ces enfants victimes de l’idéologie de ceux qui hurlent, et de la faiblesse de ceux qui se taisent.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une Paroisse qui prie pour les vocations.

Le 1er Vendredi du mois a déjà une place particulière dans notre paroisse. Après en avoir parlé avec plusieurs d’entre vous, je voudrais qu’on en fasse un vrai rendez-vous paroissial, offert pour demander les vocations sacerdotales et religieuses dont nous avons tant besoin.  Pourquoi ?

Ces 1er Vendredi du mois, nous contemplons tout spécialement  le Cœur de Jésus, auquel a été consacré notre paroisse en 2008.  A Sainte Marguerite Marie, Jésus apparaît en 1675 à Paray le Monial et lui dit, en montrant son Cœur : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes… ». Nous trouvons là le sens premier de l’effort que nous allons tous essayer de faire pour nous retrouver ensemble pour la messe du soir et/ou l’adoration ces 1er Vendredis du mois : consoler Jésus, réparer l’indifférence  des hommes (dont la nôtre !), lui témoigner notre reconnaissance. L’Amour appelle l’amour !

« Le sacerdoce, c’est l’Amour du Cœur de Jésus » s’écriait le Curé d’Ars. Ce cœur qui a tant aimé les hommes, il faut des prêtres, des religieux, des religieuses pour le faire connaître et aimer. Il faut des jeunes qui entendent l’appel à aimer Jésus au point de le suivre, et à sa suite, d’aimer comme Il aime : jusqu’au don total de leur vie.  Je voudrais que cette prière pour les vocations s’incarne désormais concrètement chaque 1er Vendredi du mois. Le Seigneur se laissera toucher par une paroisse ainsi rassemblée pour lui demander « d’envoyer des ouvriers pour la moisson ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Une promesse.

Cette semaine, la mise en œuvre de la promesse électorale d’ouvrir le mariage et l’adoption aux couples homosexuels a été confirmée. Elle est déjà en préparation. On découvre ainsi qu’il faut toujours se méfier des promesses faites pour plaire. On risque ensuite d’en être prisonnier. Pour ne pas décevoir un petit nombre, on va nous imposer un bouleversement culturel, humain, sociétal inouï dont le prix sera payé par les plus fragiles : les enfants, à qui sera volé ce repère essentiel de la complémentarité père/mère. Parfois les évènements de la vie font qu’il manque un papa ou une maman. C’est toujours une épreuve, affrontée avec courage par beaucoup de parents seuls. Institutionnaliser cette épreuve et l’imposer à des enfants, c’est profondément injuste.

A mon petit niveau, je ne vous ferai, au jour de mon installation, qu’une seule promesse, simple et vraie : ni celle de vous plaire, ni de chercher à vous plaire. Je vous promets simplement de faire de mon mieux. Je vous promets de me donner entièrement, avec tout ce que je suis, avec les talents que Dieu m’a donnés et les défauts que je traîne, à cette mission qui m’est aujourd’hui confiée. Car je sais qu’au soir de ma vie j’aurai à rendre compte du salut de chacun des habitants de cette ville.

C’est donc dans une « grave allégresse » que je reçois cette mission, tout à la joie de vous servir et de vous entraîner, et en même temps conscient de la grande et  grave responsabilité qu’est la mienne désormais. J’ose simplement vous demander votre prière… que Dieu me donne toujours plus un cœur de Père !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il l’est pour vous » Curé d’Ars

Dans la perspective de mon installation le 16 septembre comme votre curé, je voudrais continuer de méditer avec vous le rôle du prêtre, et plus particulièrement d’un curé. Collaborateur de l’évêque, recevant sa charge de lui, le curé exerce une véritable paternité spirituelle vis à vis de ses paroissiens.

Père, il l’est en exerçant l’autorité. Il est le chef de la communauté, à la façon de l’évangile : « non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » à la suite du Bon Pasteur. Cette autorité est un service, elle permet une véritable unité dans la diversité.

Père, il l’est en enseignant les vérités de la foi de l’Eglise. Ce n’est pas son opinion que les paroissiens réclament, mais la Vérité qui sauve, et dont le curé tâche de se faire le « coopérateur » pour reprendre la belle devise de Benoît XVI.

Père, il l’est en faisant grandir ceux qui lui sont confiés. Père, il donne la Vie à travers les sacrements ; il relève, encourage, exhorte, console et entraîne… Père, il l’est par son ordination, qui le rend à la fois témoin et canal de la Miséricorde du Père. Il voudrait en être comme une icône. Qu’en le voyant vivre, se donner et servir, ses paroissiens puissent comprendre quelque chose de la façon dont leur Père du Ciel les aime…

Tout cela en étant un homme, un pauvre pécheur… Mystère immense du prêtre, Mystère si grand d’un Dieu qui sauve à travers ces mains consacrées et si fragiles à la fois.  Merci de prier pour votre curé : qu’il soit pour vous un père, selon le cœur de Dieu.

Père Pierre-Hervé Grosjean +