Les éditos du Curé

« Changer, occasion de grandir »

 

Chaque rentrée apporte son lot de changements. Cette année, notre paroisse est aussi concernée puisque lui est donné un nouveau curé.

Comme tous les changements, celui-ci nous bousculera forcément dans nos habitudes et nos attachements. Ce n’est pas évident de changer ! Ni pour une communauté, qui s’était attachée à son curé – et on la comprend, au vu de tout ce qu’aura fait le Père Callery avec vous et pour vous – ni pour un prêtre, qui s’était attaché à son peuple, qui doit le quitter et en recevoir un autre à servir et à aimer.

Nous ne nous sommes pas choisis. Nous nous recevons mutuellement du Christ. Le prêtre ne choisit pas sa mission, il la reçoit du Christ, par son évêque. Les fidèles ne choisissent pas leur curé, ils le reçoivent de l’Eglise.

Voilà pourquoi ce changement est une belle occasion de grandir dans la foi. Au delà des hommes si différents qui se succèdent, vous êtes appelés à vous attacher au Christ qui agit à travers ses prêtres, tels qu’ils sont. Au delà des particularités de chaque communauté paroissiale, je suis appelé comme curé à vous recevoir du Christ, à vous aimer et vous servir à sa suite, à vous contempler comme Il vous voit : fils et filles de Dieu, appelés à la Sainteté, en pèlerinage sur la terre, dans l’attente du face à face !

Je n’arrive donc qu’avec un seul « programme », celui que le curé d’Ars promettait au jeune qui lui avait montré le chemin de sa nouvelle paroisse : « vous montrer le chemin du Ciel ». Et tant qu’à faire, essayer de le prendre avec vous !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Ma grâce te suffit »

Jésus a offert cette parole à saint Paul pour le réconforter au milieu des « faiblesses, insultes, contraintes, persécutions, et situations angoissantes » (2 Co 12).

Nous la recevons au début de ce nouvel été pour le vivre en Dieu.

Si la puissance de Dieu peut se déployer dans nos faiblesses, elle n’est pas pour autant exaltation de nos limites et de nos imperfections, ou encore mépris de nos qualités et de nos forces. Dieu nous invite plutôt à reconnaître en toute situation qu’il est vraiment Dieu, plus grand que nous, en amont, en aval et au cœur de toutes nos pensées et actions.

Il est fort probable que le Seigneur nous invite cet été à en prendre davantage conscience – et à nous en réjouir – en donnant du temps à la prière. En ‘perdant’ volontairement du temps pour le Créateur et maître du temps. A trouver ainsi l’éternité déjà cachée au cœur du ‘temps qui passe’.

D’autres occasions vont nous être offertes pour ainsi perdre du temps cet été et gagner de l’éternité en échange : des rencontres familiales, des camps, des découvertes de paysages reposants, des marches, des passages dans des églises…

Au travers de ce temps particulier de l’été et des vacances pour beaucoup, réjouissons-nous de la révélation reposante que Dieu pourra y faire de lui-même.

Oui, « venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » (Mt 11)

+Père Jean-Brice Callery

« Ne crains pas, crois seulement »

Cette petite phrase de Jésus aujourd’hui devrait nous habiter comme un refrain intérieur au milieu de toute pensée, de tout sentiment, de toute chose, de toute activité. Croire, au-delà de toute peur possible, de toute appréhension, que Dieu est là. Plus intime et plus grand que nous à la fois.

« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu », dira Jésus à Marthe incrédule devant la mort de son frère Lazare.

Et pour Lazare comme pour la fille de Jaïre, la foi obtient le miracle : la résurrection, sinon définitive, du moins déjà prophétique dans sa version provisoire.

Des « agitations et des pleurs » peuvent évidemment survenir dans la vie de chacun d’entre nous. Devant cela, Jésus continue de demander la même chose : la foi, au-delà du visible, au-delà du seul possible à vue humaine ; la folle espérance en un Dieu qui « ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants » (Sg 1,13) ; l’amour qui s’inspire de  « la générosité de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Co 8,9).

Cherchons donc à avancer ensemble dans une même foi, une même espérance, un même amour. Et pour y grandir, imitons la femme souffrante dont l’Evangile nous parle aussi aujourd’hui, qui a été guérie en touchant simplement le vêtement de Jésus et en posant un acte de foi. A notre tour, venons toucher Jésus dans la prière, dans les sacrements, dans sa Parole, et dans nos attentions mutuelles les uns pour les autres.

+Père Jean-Brice Callery

« Il faut qu’il grandisse et que je diminue » (Jn 3,30)

Voilà la réponse donnée par Jean-Baptiste lui-même, adulte, à la question de son entourage, lors de sa naissance : « que sera donc cet enfant ? » (Lc 1,66). Cet enfant sera l’ami de l’Epoux, celui qui est envoyé devant Lui, qui entend sa voix, qui en est tout joyeux, qui sait qu’il ne peut rien s’attribuer sauf ce qu’il a reçu du Ciel.

Voilà aussi le verset qu’avec 3 amis nous avions choisi d’inscrire sur une image souvenir de notre ordination comme diacres, il y a 11 ans jour pour jour.

Voilà peut-être encore le sens profond des changements de curés dans les paroisses. Manifester qu’au centre d’une vie chrétienne, paroissiale, il n’y a pas tel ou tel prêtre, mais le Christ en personne, qui choisit certes de passer par ses prêtres, mais qui les déborde tous.

Voilà donc mon sentiment profond au bout de ces 6 années à votre service comme curé à Saint-Cyr. Immense action de grâce pour les grâces vécues et célébrées ensemble. Immense miséricorde demandée pour ce qui n’a pas été « selon le cœur » de Dieu, pour reprendre l’expression de saint Paul dans les Actes des apôtres aujourd’hui (Ac 13,22). Immense désir d’en vivre et aimer « davantage » avec vous tous, pour reprendre cette fois l’expression d’un saint Vincent de Paul à la fin de sa vie.

Par ces lignes je ne vous laisse pas déjà mon testament ! Même si bien entendu, comme pour vous tous je ne sais ni le jour ni l’heure de ma fin terrestre, je sais que la mission va a priori continuer pour moi dès septembre prochain : dans les paroisses de la vallée de Chevreuse, où je me rends riche de toutes ces expériences saint-cyriennes au long de ces 6 années. Merci à vous tous, pardon à vous tous, et qu’à travers ces changements notre union en Dieu grandisse !

+Père Jean-Brice Callery

Temps de la germination

Après les 50 jours du temps pascal, conclu par la Pentecôte, les fêtes de la Sainte Trinité puis du Saint-Sacrement, avant celle de saint Jean-Baptiste dimanche prochain, nous voici pour la 1ère fois depuis longtemps dans un dimanche ‘ordinaire’.

Ouf, serait-on tenté de dire, enfin un peu de calme ! Non pas pour nous plaindre bien sûr des célébrations plus festives, mais pour nous réjouir aussi de ce temps ‘normal’ que l’Eglise aime aussi vivre dans la simplicité des jours ‘habituels’.

Non pas que ce temps soit triste ou sans fruit, l’Evangile de ce jour est clair à ce sujet : le règne de Dieu est ainsi présenté comme d’un homme qui jette du grain dans son champ : « qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment » (Mc 4,27).

Nous savons tout de même un peu comment le Seigneur nous fait grandir : la puissance de son Esprit nous travaille comme un jardinier son jardin. Mais il est vrai que ce n’est pas pour planter ou arracher en permanence ; c’est aussi en ‘laissant faire’, en laissant grandir au cours du temps.

Puissions-nous communier à cette patience de Dieu en nos vies, pour que nous germions et grandissions comme il l’entend, comme il l’attend. « Moi, le Seigneur, je l’ai dit, et je le ferai » (Ez 17,24).

+Père Jean-Brice Callery

Cœur eucharistique de Jésus… j’ai confiance en toi !

Ouh là, quelle expression ! ‘Cœur eucharistique de Jésus’ ?… Qu’est-ce à dire ? C’est déjà unir en une seule phrase les deux solennités de cette semaine, celle du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, ce dimanche ; et celle du Sacré-Cœur, vendredi prochain.

C’est prendre conscience à cette occasion que le Christ a un Cœur, qui est l’essentiel de sa personne, son intimité même. Et que ce Cœur est Amour Pur, que ce cœur est ouvert et offert. C’est bien ce qui se passe à chaque messe, c’est bien le sens du ‘Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ’.

Voilà qui pourrait nous aider aussi à retrouver le sens de l’adoration eucharistique : ces moments où nous  nous retrouvons face au Christ Jésus réellement présent dans l’Hostie consacrée, au tabernacle. Ces moments doivent donc être des moments de cœur à Cœur avec le Seigneur : des moments que la célébration de la messe appelle ; des moments qui appellent à mieux vivre la célébration de la messe. Cette union inséparable entre la célébration de la messe et l’adoration eucharistique, le pape Benoît XVI la souligne fortement cette année : « l’accent mis sur la célébration de l’eucharistie s’est faite aux dépends de l’adoration, en tant qu’acte de foi et de prière adressée au Seigneur Jésus, réellement présent dans le Sacrement de l’autel », rappelle-t-il. « En réalité, c’est une erreur que d’opposer la célébration et l’adoration, comme si elles étaient concurrentes. C’est justement le contraire : le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’Eucharistie bien et en vérité. C’est seulement lorsqu’elle est précédée, accompagnée et suivie de cette attitude intérieure de foi et d’adoration que l’action liturgique peut exprimer toute sa signification et sa valeur », a expliqué le pape. Puissent nos cœurs entendre cet appel du Cœur du Christ à nous rejoindre dans l’eucharistie, célébrée et adorée.

+Père Jean-Brice Callery

Je crois !

C’est ce que nous affirmons au jour du baptême,  et que des « professions de foi » viennent redire publiquement en ces jours.

Jésus s’affirmant Chemin, Vérité et Vie, la foi elle-même est du coup ‘chemin’, et peut-être devrions-nous plutôt dire « je suis en train de croire ».

D’autant plus que nous croyons en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Nous reconnaissons ainsi combien Dieu n’est pas une réalité statique, mais un Mystère d’Amour dynamique, inépuisable, au nom duquel nous pouvons sans cesse progresser en foi et espérance.

La fête de la Sainte-Trinité en ce jour empêche notre foi d’être repliée sur elle-même, de réduire Dieu à nos conceptions étriquées. Elle nous oblige à entrer dans une dynamique de relations, d’accueil, de don, de communion.

Ce jour renouvelle pour nous l’accueil d’un Dieu Unique qui n’est pas solitaire, mais Mystère de Communion.

Laissons-nous donc conduire par l’Esprit de Dieu, comme nous y invite saint Paul aujourd’hui, cet Esprit qui nous fait rentrer de l’intérieur dans le Cœur de Dieu. Puissions-nous alors porter sur nous-mêmes et sur tous ce regard ‘débordé’ qui ne voit chacun que dans cette lumière : celle d’un plus grand Amour en amont, en aval, et au cœur de chaque personne.

+Père Jean-Brice Callery

Epiclèse !

Littéralement, « invocation-sur ».

Voilà ce que nous demandons au Saint-Esprit en ce jour de Pentecôte.
Nous l’invoquons sur nous, pour nous.

La liturgie de l’Eglise souligne deux opérations spéciales du Saint-Esprit au cours de la messe :

– une 1ère épiclèse sur les dons (le pain et le vin), pour qu’ils soient changés par le Saint-Esprit et les paroles de Jésus, en Corps et Sang du Christ.

– une seconde épiclèse sur l’assemblée, pour que les personnes présentes deviennent elles-mêmes une vivante offrande à Dieu.

Saint Jean Damascène explique ainsi la 1ère épiclèse : « Tu demandes comment le pain devient Corps du Christ, le vin Sang du Christ ? Moi je te dis : le Saint-Esprit fait irruption et accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensée. Qu’il te suffise d’entendre que c’est par le Saint-Esprit, de même que c’est de la Sainte Vierge et par le Saint-Esprit que le Seigneur, par Lui-même et en Lui-même, assuma la chair »

Mais si l’Esprit-Saint vient rendre présent le Seigneur Jésus dans son Corps et son Sang, c’est pour que nous-mêmes devenions ce que nous recevons, le Corps du Christ, offert au Père et aux frères. Voici comment le catéchisme de l’Eglise explique cette seconde épiclèse de la messe : « L’épiclèse est aussi la prière pour le plein effet de la communion de l’assemblée au mystère du Christ… L’Eglise prie donc le Père d’envoyer l’Esprit-Saint pour qu’il fasse de la vie des fidèles une vivante offrande à Dieu par la transformation spirituelle à l’image du Christ, le souci de l’unité de l’Eglise et la participation à sa mission par le témoignage et le service de la charité. » (n°1109).

Viens, Esprit-Saint !

+Père Jean-Brice Callery

Viens Esprit-Saint !

La tradition de prier pendant 9 jours (une « neuvaine » de jours) trouve son origine dans les jours où nous nous trouvons. Neuf jours séparent en effet l’Ascension de la Pentecôte, et l’Eglise a pris l’heureuse habitude d’y voir le temps privilégié par excellence pour fonder toute prière, en union avec la Vierge Marie au Cénacle.
A savoir,  quelle que soit la ‘couleur’ particulière de la neuvaine (Neuvaine au Sacré Cœur, à la Vierge Marie, à tel ou tel saint..), la demande d’un renouvellement dans l’Esprit-Saint.

L’Esprit-Saint n’est pas avare de dons pour renouveler et approfondir en nous les vertus de foi, d’espérance et de charité. Pour cela en effet, il est prêt à nous prodiguer crainte, piété, science, conseil, force, intelligence et sagesse (Is 11,1-2). Prêt à nous partager les fruits de sa présence : amour, joie, paix, largeur d’esprit, générosité, bonté, foi, douceur, maîtrise de soi (Ga 5,22). Prêt à nous partager aussi ses charismes : telle ou telle vocation particulière, prophétie, parler en langues, chant en langues, guérison, miracles… et d’autres encore sans doute !

N’ayons pas peur de demander ces dons et ces charismes, même les plus étonnants, saint Paul en personne nous y encourage : « Poursuivez l’amour et ambitionnez les dons spirituels » (1 Co 14).

Mais « que tout soit constructif » (1 Co 14,26).

+Père Jean-Brice Callery

« Dieu ne fait pas de différence entre les hommes »

C’est dit et c’est fait pour Dieu. C’est franchement moins évident pour nous les hommes. Et pourtant notre salut dépend de notre accueil de cette parole.

C’est la mission du Saint-Esprit de s’emparer de nous pour réaliser cela.

Non pas gommer ici-bas les différences de races, de milieu, d’éducation, de culture, ou encore d’opinion, de caractère… Mais désormais en faire, dans le Saint-Esprit, des motifs d’enrichissement, de communion élargie, et non de séparation.

Encore une fois, plus facile à dire (et encore !) qu’à faire.

Et encore une fois, seul le Saint-Esprit envoyé par Jésus à la Pentecôte, qu’il part ‘chercher au Ciel’ par son Ascension, peut nous donner d’entrer dans l’intelligence et l’amour de cet appel.

Cette égale dignité de chaque être humain, elle est fondée dans l’Amour, et c’est seulement dans l’Amour qu’elle prend sens et envol.

Là encore, il ne s’agit pas de ‘bons sentiments’ seulement… ceux-ci peuvent ne jamais être ressentis ! Il s’agit d’aimer en y engageant toute sa volonté, son être profond, de ‘commander’ à son âme de se porter au bien, qu’elle ‘le sente ou pas’.

Puisse le Seigneur en ces jours de neuvaine entre Ascension et Pentecôte nous renouveler dans cet engagement.

+Père Jean-Brice Callery