Les éditos du Curé

Qui priez-vous ?

Dieu le Père ? Dieu le Fils ? Dieu le Saint-Esprit ? Dieu Un et trine ? Jésus ?

La plupart d’entre nous répondront « ça dépend ».

Et oui, ça dépend, car Dieu en Lui-même est Amour, « Relations subsistantes », et de ce fait ne peut pas être ‘fixé’, limité, dans une relation binaire.

C’est ce que nous révèle humainement Jésus, Porte d’accès à ce Mystère de la Trinité que nous honorons ce dimanche. Soit dit en passant, ce Mystère est tellement Essentiel que c’est en permanence lui qui soutient tout le reste, toute la création dont nous faisons partie. Le simple fait d’inspirer et d’expirer, de parler et d’entendre, de voir et d’être vu, est le signe de la Trinité à l’œuvre en nous. Mystère interpersonnel d’accueil, de don, d’union.

Dieu est unique, mais pas solitaire.

Dieu est Amour… et donc Trinité. C’est équivalent.

Puisse la fête de ce jour nous accorder le don de prendre davantage conscience de ce mystère divin au sein duquel nous sommes créés, portés, et où nous avançons.

Puissions-nous devenir aussi consciemment de plus en plus ‘trinitaires’. C’est-à-dire dans une attitude fondamentale d’accueil, de don, d’union.

Et puisque humainement notre place est d’abord celle de fils et de filles bien-aimées du Père, en ce jour qui est aussi fête des pères, que Jésus nous conduise par son Esprit vers le Père, Source de tout bien.

… Père Jean-Brice Callery

Vive la pluie !

Drôle de titre d’édito pour une fête de Pentecôte.

Il est vrai que le manque cruel d’eau que connaît notre pays en ces jours ne peut que nous inciter à nous réjouir de la moindre goutte de pluie. Il y a même une messe prévue ‘pour demander la pluie’ dont voici au passage l’oraison d’ouverture : « Dieu à qui nous devons de naître, de vivre et de grandir, nous dépendons de toi en toutes choses : accorde-nous les pluies dont nous avons besoin, afin qu’étant rassurés pour les fruits de la terre, nous puissions mieux rechercher les biens d’éternité ».

Mais alors précisément, pour ces biens d’éternité dont l’Esprit-Saint nous donne un avant-goût dès cette terre, pourquoi parler de pluie, d’eau, alors que les images habituelles pour parler du Saint-Esprit sont plutôt celles  du feu, du vent, du souffle, de la lumière ?

Une page d’une catéchèse de saint Cyrille, évêque de Jérusalem au 4ème siècle, nous éclaire à ce sujet, expliquant que l’eau est à la base de tout, descendant du ciel ici ou là sous forme de pluie ; et qu’elle s’adapte à la constitution des êtres qui la reçoivent, produisant en chacun ce qui lui convient. Ainsi en est-il du Saint-Esprit : « Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé à l’eau, produit des bourgeons, de même l’âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, porte des fruits de justice. (..) Il vient avec la tendresse d’un défenseur véritable, car il vient pour sauver, guérir, enseigner, conseiller, fortifier, réconforter, éclairer l’esprit : chez celui qui le reçoit, tout d’abord ; et ensuite, par celui-ci, chez les autres. »

Alors oui, vive la pluie, de la terre et du Ciel, en cette fête de Pentecôte ;)

… Père Jean-Brice Callery

De neuvaine en neuvaine…

… invoquons le Saint-Esprit.

Les 9 jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte donnent sens à toutes les prières dites de ‘neuvaine’ que l’on peut rencontrer. Quel que soit le saint invoqué, quelle que soit l’intention présentée, ces formes de prière dans une certaine durée (9 jours) nous font tous entrer à nouveau au Cénacle, à Jérusalem, avec les apôtres et « quelques femmes dont Marie, mère de Jésus » (Ac 1,12-14).

C’est au Saint-Esprit que nous confions en particulier les fruits du synode : que des trois jours de rencontre de 400 baptisés représentants de notre diocèse, du 2 au 4 juin, sortent des propositions toutes inspirées par Lui !

C’est Lui encore qui comme un conducteur peut relier de l’intérieur toutes ces étapes de croissance dans la foi et la charité que nous vivons en ces jours : baptêmes, 1ères communions, professions de foi, confirmations, mariages, ordinations…

Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si historiquement ces sacrements et ces diverses missions étaient célébrés le jour de la Pentecôte.

Prions-le donc ensemble, dans toutes les directions de nos vies, pour toutes les personnes rencontrées : « Voici le temps, Esprit très saint, où dans le cœur de tes fidèles, uni au Père et à son Fils, tu viens répandre ta lumière. Que notre langue et notre cœur, que notre vie, que notre force, s’enflamment de ta charité pour tous les hommes que tu aimes ».

… Père Jean-Brice Callery

Si vous aimez Jésus…

… vous resterez fidèles.

Fidèles à ses commandements, fidèles à la communion.

Nous ne fêtons pas en ces jours la communion d’une soixantaine d’enfants, mais la 1ère communion de toute une série de communions qui seront offertes à ces jeunes jusqu’à leur dernier souffle.

Le peuple hébreu avait reçu du Ciel une manne mystérieuse pour accompagner sa route d’Egypte en Terre Promise ; une nourriture si étonnante que le nom même donné à cette nourriture fut « qu’est-ce-que-c’est ? », « mannou ? ».

On pourrait bien appliquer aussi ce « mannou ? » à l’eucharistie, cette ‘chose la plus étrange’ qui soit. Celle d’un Dieu qui se fait Pain et Sang, Nourriture.

Miracle inouï à côté duquel tant d’entre nous passent sans rien remarquer. Et il est vrai qu’il faut croire contre les apparences. Qui pourrait croire que notre Dieu Tout-Puissant se donne à nous de manière aussi dérisoire dans les apparences ?… Et pourtant, n’est-ce pas là précisément un signe encore plus éclatant de puissance que de se donner, de tout donner, sous des apparences de trois fois rien, un peu de pain et de vin ?

Puisse l’Esprit-Saint encore promis en ce jour par Jésus nous donner de voir au-delà des apparences Celui dont notre cœur peut avoir faim et soif éternellement. Oui, c’est lui seul, le Saint-Esprit qui alors que le monde ne voit rien, nous donne et nous donnera de recevoir Jésus, de le reconnaître et de l’aimer au cours des messes célébrées.

Esprit-Saint, viens en nos cœurs, viens dans le cœur de ces enfants, pour leur donner de reconnaître toujours Jésus se donnant au cours de la messe, au cours de la communion. Sois toi-même l’Amour dans leurs cœurs pour que Jésus et le Père puissent se manifester à eux de plus en plus…

… Père Jean-Brice Callery

La meilleure place…

… c’est la vôtre !

Pas de meilleure vocation que la vôtre. Les textes de ce dimanche nous révèlent que dès lors que nous nous appuyons sur le Christ comme la pierre angulaire de la construction, alors nous avons chacun la meilleure place, la meilleure vocation.

Cette construction spirituelle peut aussi être comparée à l’organisation du corps humain. Dès lors que le corps se laisse irriguer par le sang, que l’on pourrait comparer à l’Amour du Christ, à son Esprit, alors chaque membre peut comprendre sa place, sa fonction.

Concrètement, l’Eglise a développé très tôt cette réalité en mesurant que devant le nombre sans cesse croissant des croyants dans le monde, des missions différentes devaient être attribuées aux uns et aux autres.

Les ‘états de vie’ comme la vie consacrée ou le mariage font partie de ces missions, nous les évoquions la semaine dernière. Ou encore l’appel à être diacre (laisser le Christ serviteur servir en nous) comme la 1ère lecture de ce jour nous l’évoque.

Mais comment ne pas évoquer aussi les multiples services au sein d’une paroisse ?

Du ménage de l’église à l’accompagnement d’un futur baptisé, du chant ou de la musique au service de la catéchèse ou d’un groupe alpha ?

Les mois de mai et de juin peuvent être de bons mois de discernement pour écouter ce que l’Esprit peut suggérer à chacun… comme service présent et à venir!

… Père Jean-Brice Callery

Sacerdoce, vie religieuse, mariage…

Ne séparons pas ce que Dieu a uni !

C’est en général pour le mariage en tant que tel que nous entendons cette parole évangélique : «  ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ». Cependant, quand Jésus énonce cette parole qui fonde l’indissolubilité du mariage, il parle aussitôt après de ceux qui ont choisi de se consacrer exclusivement à Dieu dans un célibat « pour le Royaume des cieux » (Evangile selon saint Matthieu chapitre 19). Comme si l’un n’allait pas sans l’autre, comme si ces vocations du mariage et de la vie religieuse et consacrée s’éclairaient mutuellement.

Aussi, je ne crois pas qu’il soit exagéré d’appliquer cette parole du Christ, « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni », à ces différentes formes de vocations chrétiennes. Oui, ne séparons pas les mariés des prêtres et des religieux. Les uns ne peuvent pas aller sans les autres, leurs vocations se nourrissent et se soutiennent. Tous sont appelés au fond à un même don de toute leur personne, dans le Christ, que l’on soit marié ou consacré.

Et en ce jour où nous unissons notre prière pour ‘les’ vocations, nous pouvons accueillir le Christ comme l’Unique Porte véritable qui permet « d’aller et venir » dans la bergerie, qui donne sens à toutes les vocations.

Nous rendons grâce ensemble pour le don de nos vocations («  vous avez été appelés » nous rappelle saint Pierre dans sa lettre aujourd’hui) ; nous les confions ensemble à la même Miséricorde divine  (« c’est par ses blessures que vous avez été guéris » ajoute-t-il) ; et nous recevons à l’avance de Dieu et nous lui présentons la suite de nos vies (« détournez-vous de cette génération égarée »). Autant d’échos à cette parole de Jésus : « si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ».

… Père Jean-Brice Callery

Vivre la messe sur la route d’Emmaüs…

Sur la route d’Emmaüs, deux disciples parlent, discutent, s’arrêtent, tristes… Comment ne pas l’être après la mort de celui qu’on croyait être le Sauveur ?

En venant à la messe le dimanche, nous arrivons avec des pensées, des soucis, des états d’âmes fort variables ; et parfois aussi tristes et découragés, oui : comment ne pas l’être devant certaines situations qui nous touchent ?

 

Sur la route d’Emmaüs, le Christ apparaît sans se faire reconnaître et explique aux deux hommes ce qui le concerne en vérité dans les Ecritures, au-delà de leurs visions limitées et étroites.

En venant à la messe, nous entendons la Parole de Dieu qui nous explique aussi le sens de notre vie, qui ouvre et approfondit ce qui nous arrive pour accueillir les événements comme Dieu les entend.

 

Sur la route d’Emmaüs, le Christ prend du pain, le bénit, le donne aux deux compagnons qui le reconnaissent alors, le cœur brûlant, puis disparaît à leurs yeux.

En venant à la messe, le Christ ressuscité change le pain et le vin en son Corps et Sang, se donne ainsi à nous qui pouvons nous laisser éclairer, nourrir, embraser.

 

Sur la route d’Emmaüs, les deux disciples raffermis repartent à Jérusalem annoncer à tous l’extraordinaire Bonne Nouvelle.

En sortant de la messe, le Christ est vraiment prêt à passer par nous, incroyablement, pour en éclairer et en affermir d’autres…

Alleluia !

… Père Jean-Brice Callery

Jean-Paul II Le Grand !

C’est ainsi que le pape Benoît XVI a tout de suite qualifié son prédécesseur en présidant à ses obsèques il y a 6 ans. Un qualificatif très peu attribué dans la succession des papes depuis saint Pierre ! On parle de Léon le Grand, de Grégoire le Grand, respectivement papes au 4ème et au 6ème siècle. Il y a donc désormais Jean-Paul le Grand, au 20ème et au début du 21ème siècle.

Mais qu’est-ce qui peut expliquer la grandeur particulière de ce pape, Karol Wojtila ?

Sans doute ce que Benoît XVI fait d’abord remarquer de lui : son exceptionnelle présence à Dieu, en Dieu. Un homme continuellement plongé en Dieu, continuellement présent à sa Présence. Un homme exceptionnellement priant en continu.

Voilà aussi assurément le secret de sa béatification reconnue si rapidement, 6 ans après sa mort, en ce dimanche de la Miséricorde, 1er mai 2011.

C’est cette unité de vie par la prière en Dieu qui explique aussi le ‘reste’ de sa vie, son rayonnement dans à peu près tous les domaines de la vie humaine et chrétienne : reconnaissance de la dignité de la personne humaine quelle qu’elle soit, sens de l’amour conjugal, amour de la famille, défense des droits du travail, amour de la Vierge Marie (sa devise était « totus tuus », c’est-à-dire « tout à toi », Marie, pour être tout à Jésus..) ; amour de la Miséricorde (il a institué cette fête de la Miséricorde le second dimanche de Pâques, à la demande expresse du Seigneur, transmise par sainte Faustine, une religieuse polonaise) ; et son corollaire, le sens du repentir (il a poussé toute l’Eglise à demander pardon pour les péchés de ses membres, lors du passage de l’an 2000) ; amour des jeunes (il a initié les JMJ)…

A l’occasion de cette béatification, plusieurs ouvrages retracent la biographie de ce pape exceptionnel, il serait bienvenu qu’au cours de cette année chacun d’entre nous en lise peut-être un !? Pour nous aider à faire de ce nouveau saint, un ami…

… Père Jean-Brice Callery

Victimae paschali…

 

À la victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.

L’Agneau a racheté les brebis;
le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.

La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut; vivant, il règne.

“Dis-nous, Marie Madeleine,
qu’as-tu vu en chemin ?”

“J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.

J’ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.

Le Christ, mon espérance, est ressuscité

Il vous précédera en Galilée.”

Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts.

Roi victorieux, prends-nous tous en pitié !

 

(Séquence de Pâques)

Voir au-delà des apparences…

C’est une grâce que nous pourrions recevoir de Dieu ce dimanche et cette semaine. C’est en tout cas l’expérience que le prophète Samuel a faite dans le choix du roi David. Alors qu’il était certain que Dieu choisirait un de ses frères pour être roi, voilà contre toute attente que Dieu choisit le petit dernier qui était parti garder le troupeau : « car Dieu ne regarde pas comme les hommes qui regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ».

C’est encore ce que saint Paul reconnaît de ceux qui veulent vivre avec le Christ : il nous donne part à sa lumière, ce qui nous permet alors de produire ‘du bon, du juste, et du vrai’, et de démasquer ce qui ne l’est pas.

La source de la lumière, c’est le Christ, qui comme pour l’aveugle-né guéri dans l’Evangile de ce jour, est prêt non seulement à nous éclairer, mais aussi à nous donner des yeux adaptés à sa lumière.

C’est tout compte fait le baptême qui nous donne cet équipement intérieur pouvant porter la lumière de Dieu sur nous-mêmes, sur les autres, sur toute réalité.

Un équipement qui est plus que nécessaire pour voir comme Dieu les voit, les événements de ce monde : catastrophes, conflits multiples, qui hors de la lumière du Christ qui veut sauver chaque personne, ne pourraient nous amener qu’à désespérer.

Demandons ces yeux et cette lumière qui nous permettent de voir plus profond et plus loin…

… Père Jean-Brice Callery