Edito du 21 septembre 2014

Bienheureux ouvrier de la dernière heure !

Notre sens de la justice sociale ne peut qu’être ébranlé par l’évangile
du jour. Pour que l’ordre et la paix règnent, il faut que tous soient traités de façon juste. Or cette idée saugrenue du Maître de rétribuer autant l’ouvrier de la dernière heure que celui qui a peiné toute la journée ne semble pas aller dans ce sens, et ressemble même à une provocation.

Qu’est-ce qui nous choque ? Qu’il ait trop ? Ou que le premier n’ait pas assez, même s’il a ce qui était convenu ? Pourquoi la bienveillance généreuse du Maître nous choque-t-elle ? Elle nous semble même dangereuse, tant elle risque de remettre en cause les règles et contrats établis, la coutume … Pourquoi avoir du mal à se réjouir du bonheur de l’autre, alors que j’ai ce qu’il me faut pourtant ?

Mais posons-nous une autre question : pourquoi instinctivement nous mettons-nous du côté de l’ouvrier de la première heure ? Ne serions-nous pas plutôt celui que le Maître a attendu longtemps, celui dont Il a espéré longtemps un amour véritable et fort ? Celui qui a mis du temps – toute une vie peut-être – pour croire et aimer, servir et se donner, à la hauteur des attentes du Seigneur ? Et dans ce cas, cette miséricorde du Maître, si nous nous en découvrons les premiers bénéficiaires… nous choque-t-elle encore vraiment ?!!

Père Pierre-Hervé Grosjean +