Edito du 6 avril 2014

Jésus pleura

Mesure-t-on la force de ces deux mots mis côte à côte ? Le Fils de Dieu, le Maître de la vie et de la mort, le Tout Puissant, le Seigneur, le Roi des rois… pleura. Un homme qui pleure en public, ou devant ses amis, c’est rare. Les hommes n’aiment pas pleurer, se montrer vulnérables (pourtant, parfois, il le faut ! Bienheureux ceux qui savent pleurer…). Mais Dieu qui pleure ??? Quel grand mystère à contempler !

Jésus pleure, parce que tout en étant vraiment Dieu, il est vraiment homme. Et dans son humanité, il a fait l’expérience de l’amitié, belle et forte, qui l’unissait à Lazare, ou à St Jean. Jésus a ressenti la douleur de l’absence, de la séparation. Jésus sait ce qu’on peut vivre quand on est confronté à un deuil douloureux. Jésus a voulu nous montrer qu’il n’était pas indifférent, que sa divinité ne le rendait pas insensible à la peine des hommes.

Jésus pleure aussi sur cette mort, absente du projet initial du Créateur. Dieu n’avait pas voulu cela à l’origine. La mort est entrée dans le monde avec le péché. Dieu contemple toutes les souffrances qu’elle cause. Il aurait tant voulu éviter cela à l’homme. Dieu pleure sur sa création défigurée, abimée, blessée. Dieu pleure sur tous ceux qui à cause de l’épreuve de la mort, de la souffrance, vont se détourner de lui. Parce que leurs « pourquoi » ne trouvent pas de réponse… Mais comment pourrait-il y en avoir une ?

Jésus pleure, mais il ne s’arrête pas là. Il pose un geste décisif, qui annonce une victoire plus grande encore. Il ressuscite Lazare, pour annoncer notre résurrection. Pour que nul n’ignore, que si la mort fait désormais partie de ce monde, elle n’a pas le dernier mot. Le dernier mot appartiendra toujours à Jésus. Et ce mot, nous l’entendrons tous un jour, pour nous appeler de la mort à la Vie.

Père Pierre-Hervé Grosjean +