ILS ONT TOUT DONNÉ

Notre pays honore aujourd’hui ses fils qui sont morts lors de la grande guerre. A ce devoir de mémoire s’ajoute, pour nous chrétiens, le soin de prier pour ces défunts. La guerre est terrible, elle est toujours un drame. Elle est aussi le lieu où se révèlent les uns et les autres. L’évangile de ce dimanche éclaire d’une certaine façon cette réalité. Cette veuve que loue Jésus a donné non pas son superflu, mais tout ce qu’elle avait. Beaucoup de riches eux se sont contentés de leur superflu. Cette femme a donné « tout ce qu’elle possédait ». En faisant cela, elle se révèle et Jésus la donne en exemple.
Combien de jeunes ont donné pour notre pays « tout ce qu’ils avaient » ? Ils étaient pauvres eux aussi. Pauvres comme chacun de nous, de leurs faiblesses, de leurs limites, de leurs péchés. Loin d’être des saints, comme pour beaucoup d’entre nous ! Ils ne possédaient, dans les tranchées, plus que leur vie. Quand il fallut monter à l’assaut, aller secourir le camarade blessé sous les balles ennemies, se proposer pour la mission si risquée, défendre mètre par mètre la tranchée, ils n’ont pas compté. Ils ont tout donné. Je suis certain que Dieu – au cœur de cet enfer créé par l’orgueil des hommes – s’est laissé toucher par le sacrifice de ces jeunes, donnant leur vie pour le camarade d’à côté ou pour que restent français et libres une mère, un père, des enfants, une fiancée ou une épouse qu’ils avaient laissés…
L’homme est capable de révéler le meilleur de lui-même quand il consent à tout donner, à se donner lui-même au service de ce qui est vrai et juste, de ce qui est grand et bon. Dans cette offrande, Dieu reconnaît quelque chose de celle de son Fils. Aussi permet-il que ce sacrifice – qu’il soit sanglant ou non, immédiat ou dans la durée – ne reste pas sans porter du fruit.
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 11 novembre 2018