Edito du 16 octobre 2011
La laïcité, une invention… chrétienne !
Qui l’eût cru ? Et pourtant, avec son fameux « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », Jésus a jeté les bases de cette si heureuse et saine distinction entre les réalités spirituelles et profanes. Sans les séparer pour autant. Devant les risques de théocratie en milieu juif (et en milieu musulman aujourd’hui), ou de divinisation de l’empereur en milieu romain, le Christ vient situer les domaines de nos vies, les distinguer, sans séparation ni confusion.
Il évite ainsi deux écueils :
– celui d’une séparation qu’un certain laïcisme pourrait toujours vouloir imposer. Comme si l’existence religieuse nous forçait à des comportements schizophréniques, comme si la foi n’avait rien à voir avec les réalités de ce monde, ne pouvait les informer en rien, ne touchait que le domaine privé de nos vies. Les crises financières mondiales actuelles sont des occasions de prendre conscience qu’on ne peut ainsi séparer l’utilisation de l’argent d’avec une conscience morale et même spirituelle qui puisse en donner le sens.
– celui d’une confusion des pouvoirs ou des genres, César n’étant pas Dieu, Dieu ne court-circuitant pas César. De la réponse du Christ dans l’Evangile de ce jour, on peut logiquement déduire qu’il nous invite à payer nos impôts et à respecter les lois justes de notre pays. On peut aussi logiquement en déduire que si César se prenait pour Dieu (par exemple en légalisant l’avortement, comme si la vie nous appartenait en propre ; ou en faisant fi des situations de pauvreté) il est de notre devoir de chrétien de ne pas obéir à ce genre de lois civiles anti-religieuses.
Puissions-nous avancer de pair dans une juste relation à Dieu et aux hommes.
Père Jean-Brice Callery