Une parole… percutante.

On a parfois reproché au Pape François de bousculer un peu trop les fidèles ou leurs évêques par ses paroles fortes. Quand on écoute la prédication de St Jacques ou même les paroles de Jésus qui nous sont données à méditer ce dimanche, on se dit qu’il est juste dans la ligne !

Ce n’est jamais évident pour un prêtre de choisir le ton de sa parole. Comment exhorter, reprendre, interpeller, alerter sans en même temps blesser, décourager, condamner ? Surtout que le prêtre sait bien que ses paroles l’engagent. La solution du jus pieux, qui n’empêche personne de dormir et qui ne gêne personne n’est pas évangélique ! Certains sont pourtant très forts pour ça : c’est mignon, c’est consensuel, c’est gentil, c’est prudent. Mais personne ne bouge. Jésus, avec une telle parole, n’aurait jamais été crucifié. Il ne nous aurait pas sauvé non plus.

Bernanos fait parler ainsi un vieux curé dans « Le journal d’un curé de campagne ». Il explique à son jeune confrère :

« Enseigner, mon petit, ça n’est pas drôle ! (…) La vérité, elle délivre d’abord, elle console après… La parole de Dieu ! c’est un fer rouge. Et toi qui l’enseignes, tu voudrais la prendre avec des pincettes, de peur de te brûler, tu ne l’empoignerais pas à pleines mains ? Laisse-moi rire. Un prêtre qui descend de la chaire de Vérité, la bouche en machin de poule, un peu échauffé, mais content, il n’a pas prêché, il a ronronné, tout au plus. … Je prétends simplement que lorsque le Seigneur tire de moi, par hasard, une parole utile aux âmes, je la sens au mal qu’elle me fait. »

Père Pierre-Hervé Grosjean +

édito du 27 septembre 2015