Pas une journée ne passe sans que de gros titres dans l’actualité suscitent en nous joie, frustration, colère ou sim-plement désespoir désabusé. Notons que tout le monde ne s’indigne pas pour la même chose, que ce soit chez les catholiques ou dans le monde. Le mécanisme de l’indi-gnation nourrit notre soif d’émotions et nous fait passer notre temps à osciller entre une théorie du « complot potentiel encore contre nous les cathos » et une frénésie de partages d’articles et de pétitions en vue d’atteindre telle ou telle fin. Bien sûr, il arrive parfois que ces indignations conduisent à des résultats concrets ; cependant, en cédant ainsi, nous laissons le mécanisme de l’émotion guider notre actualité mentale, voire nos préoccupations et nos emplois du temps. Tout à coup, un sujet fait l’actu.
Comment imaginer être dans une vie intérieure, comment mener des projets profonds et réfléchis si, sans cesse, nous sommes au front de l’indignation, épuisés par nos émo-tions ? Il faut aussi reconnaître que nous n’avons pas les moyens de nous mobiliser pour toutes les causes. Par conséquent, nous sélectionnons notre champ d’expertise, en finissant par nous persuader nous-mêmes que seul ce champ nous concerne.
Notre devoir de chrétien est double : chercher à cultiver une vie intérieure pour s’attacher réellement à ce qui dure et non construire des projets sous les radars de la seule émotion, et d’autre part refuser de se laisser enfermer par l’indi-gnation sélective : rien de ce qui est humain ne devrait nous être étranger, puisque le Christ est venu sauver toute l’humanité, et même nous.
Père Antoine

