Les éditos du Curé

Nous avons besoin de revivre cette grâce de la Pentecôte… Ce jour-là, l’Esprit de Dieu est venu transformer en profondeur le cœur des apôtres. Ces hommes traqués, inquiets, encore pleins de doutes sont devenus réellement … apôtres de Jésus, témoins courageux et rayonnants de l’évangile. L’Esprit Saint est celui qui accomplit cette œuvre de transformation. C’est vrai dans les sacrements : par exemple, lors de la prière eucharistique, à la messe, le prêtre prie ainsi, en étendant les mains sur le pain et le vin : « Seigneur, nous te prions : sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ». On appelle cela l’Epiclèse, en grec : « l’appel sur ». Mais si vous faites attention, vous verrez qu’il y a un deuxième appel à l’Esprit Saint, plus sur les offrandes, mais sur le peuple, juste après la consécration pour que « nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps ». Prenons le temps d’invoquer l’Esprit Saint, en lui présentant ce qui dans notre vie a besoin d’être transformé, purifié, réveillé, embrasé ! Notre humanité fragile et blessé est devenue « le temple du Saint Esprit » depuis notre baptême. Il nous faut raviver ce don reçu ! La Pentecôte est l’occasion de demander la grâce d’un profond renouvellement de ce don, pour que nous puissions toujours plus laisser agir l’Esprit Saint en nous.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 15 mai 2016

Les Actes des Apôtres nous racontent un des épisodes les plus douloureux des débuts de l’Eglise : la lapidation d’Etienne, qui restera le premier martyr de l’histoire de l’Eglise. Etienne est le premier à donner sa vie à la suite de Jésus. Il va jusqu’à reprendre les paroles du Christ en croix, dans son désir d’imiter Jésus. A ce moment-là, il est la figure de Jésus, il est pour ceux qui l’entourent ou le regardent comme l’icône de Jésus qui, sur la croix, pardonnait à ses bourreaux. C’est la première leçon à retenir : être disciple de Jésus, c’est chercher à l’imiter, pour qu’en nous voyant, nos frères puissent comprendre quelque chose de Jésus et de son amour. Rien de moins ! Un chrétien qui se donne, aime et sert rend Jésus présent.

Un détail retient notre attention : « Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul ». On nous dira plus loin qu’il approuvait ce meurtre, et qu’il va devenir à son tour un des pires persécuteurs. Mais… La mort d’Etienne n’aura pas été stérile. Si le grain de blé tombé en terre accepte de mourir, il porte beaucoup de fruit… Dans ce sang versé par fidélité, se gagne déjà la conversion du bourreau et la vocation de l’apôtre des nations. Rien d’offert ne restera stérile. Toute vie est belle, toute vie porte du fruit, quand elle est donnée ! Ne l’oublions jamais…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 8 mai 2016

Pour une fois, je voudrais chers paroissiens, adresser ces quelques lignes aux jeunes de notre paroisse. Les parents veilleront à ce qu’ils puissent les lire !

C’est en effet ce dimanche le jour de prière pour les vocations, puisque l’Evangile nous fait méditer la figure du Christ Bon Pasteur. « Mes brebis, je leur donne la vie éternelle » dit Jésus. Je voudrais te poser la question : as-tu déjà pensé ne serait-ce qu’une seule fois que le Seigneur pouvait t’appeler – toi, tel que tu es, avec tes talents et tes faiblesses – à le suivre dans cette mission exaltante : donner la vie éternelle ! Sais-tu te montrer disponible dans ton cœur à un éventuel appel ou as-tu peur de ce que Dieu pourrait te proposer ? Jusqu’où va ta confiance ? Nous avons besoin de jeunes filles qui comprennent la beauté d’une vie offerte dans le silence d’un monastère pour porter le monde dans la prière, ou dans le service des plus petits ou des plus fragiles pour rappeler qu’ils sont les premiers dans le cœur de Dieu. Nous avons besoin de garçons qui osent tout donner dans cette aventure rude mais ô combien grande et belle de la vocation religieuse ou sacerdotale. Des garçons au cœur d’apôtre, qui ne restent pas indifférents à la soif spirituelle de ce monde, et veulent à leur tour, comme prêtres, « servir et sauver ». Tous ne sont pas appelés à cette vocation. Mais je voudrais t’inviter pendant ces vacances à méditer ces deux ou trois questions dans la prière : « Suis-je disponible ? Ai-je confiance ? » et « Pourquoi pas moi ? ». Car la vocation n’est pas réservée « aux autres » ! Dieu appelle des pauvres comme toi et moi. Soyons simplement… « toujours prêts ! ».

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 17 avril 2016

C’est la question que Jésus pose à trois reprises à Pierre, ce matin là au bord du lac. Jésus offre ainsi à Pierre l’occasion par ses trois « oui » de réparer ses trois reniements du jeudi saint… Mais ces trois questions traversent les siècles et nous sont posées aujourd’hui à nous. Que nous révèlent-elles ? Le désir de Jésus d’être aimé… Il veut être suivi non par des gens qui ont peur, ou qui sont intéressés par les avantages à en tirer. Il veut comme disciples des gens qui sont simplement prêts à l’aimer vraiment. Cet amour pour Jésus ne peut être un vernis ou une option ajoutée à notre vie comme quelque chose d’accessoire. L’aimer vraiment, c’est l’aimer pleinement, généreusement, radicalement. C’est faire de cet amour le cœur, la source, la finalité de notre vie. Tout le reste sera ordonné à ce choix premier : aimer vraiment Jésus. Tout le reste y trouvera son sens. Jésus d’ailleurs se contente de cette question. Il ne réclame pas à Pierre des « garanties » ni des « assurances » qu’il sera désormais parfait pour lui pardonner, le relever et le rétablir dans sa vocation. Il veut simplement savoir si Pierre est prêt à l’aimer vraiment. C’est la seule chose qu’il veut aussi savoir de nous, quand il nous relève de nos fautes. Qu’importe nos faiblesses. Qu’importe nos fragilités. Qu’importe notre passé. Une seule question vaut pour aujourd’hui. « M’aimes-tu vraiment ? »… « Seigneur, tu sais tout… tu sais bien que je t’aime ». « Alors viens, suis-moi. » Tout est pardonné. Tout est restauré. Puissance et simplicité de la Miséricorde divine !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 10 avril 2016

Ce samedi matin, des jeunes ont professé la foi catholique. Ils ont solennellement fait ce que nous faisons chaque dimanche, en récitant le credo, peut-être de façon trop légère.

Credo ! Je crois … ces mots sont pourtant forts. Ils sont à la fois la reconnaissance d’un don qui nous est fait, et l’expression d’un choix de vie.

Croire, cela veut dire qu’on accueille la Révélation. Dieu nous donne la capacité de croire, et le contenu de la foi : il est venu nous révéler son vrai visage : celui de la Miséricorde. La foi est d’abord un don de Dieu. C’est aussi un don de ceux qui nous l’ont transmise. Tous ceux grâce auxquels nous pouvons dire aujourd’hui « je crois ! », en particulier ceux qui ont donné leur vie pour que cette foi continue à être annoncée ici ou ailleurs.

Croire, c’est aussi un choix : une décision d’adhérer à la personne même de Jésus, et de lui faire confiance. Ce choix est un choix de vie : toute notre vie va être comme éclairée et va trouver son sens par la foi. Au delà ce que je ressens ou ne ressens pas, je peux toujours choisir de croire. Ce sera parfois facile ou joyeux. Parfois, ce choix sera renouvelé ou posé dans les larmes, ou « au fond des abîmes ». Qu’importe le contexte. Ce qui fait la beauté de ce « oui » de la foi, c’est sa fidélité fondée sur la confiance. « Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu » nous a promis Jésus !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 10 avril 2016

Les dernières semaines, les derniers jours auront été bien sombres. Le mal – sous toutes ses formes – semble se déchaîner : un jour, les ténèbres viennent obscurcir le visage même de l’Eglise, alors que les fautes lamentables de certains de ses fils sont révélées à tous. Un autre, c’est dans la violence aveugle des attentats que le mal se laisse découvrir. Encore un autre, c’est à travers telle ou telle épreuve que beaucoup d’entre vous peuvent traverser : annonce d’une maladie grave, difficultés dans un couple, perte d’un emploi, inquiétudes pour un enfant, etc… sans parler de nos combats intérieurs, qui souvent ne cessent pas lors du carême, bien au contraire !

Jésus sait tout cela. Il est allé jusqu’au bout pour porter tout cela. Pour entraîner ce mal dans sa mort, et le vaincre par sa résurrection. Pâques n’est pas une parenthèse pour « respirer » avant de « replonger » dans ce quotidien difficile. Pâques change tout. Pâques nous assure que ce mal n’aura pas le dernier mot. Qu’au cœur même de ces épreuves, le Seigneur vivant nous rejoint pour que nous puissions grandir, avancer, nous accomplir. Il veut même s’en servir, et donner à tout cela une mystérieuse mais réelle fécondité. Cette fécondité est la plus belle des victoires sur le mal. Une façon de le retourner. Ce qui devait nous détruire nous fait grandir, nous permet d’accueillir Jésus, et participe à nous sauver. Alors, nous pouvons et devons, au cœur même de nos larmes, murmurer ou crier, chanter ou proclamer ce cri de victoire : Alleluia ! Ce chant fait reculer les ténèbres et trembler l’enfer : il rappelle au Mal – malgré sa puissance apparente encore aujourd’hui – qu’il a perdu… définitivement.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 27 mars 2016

La semaine sainte que nous allons célébrer ressemble à notre vie. C’est comme un résumé de notre vie, avec ses clartés et ses ténèbres, ses ombres et ses lumières. La foule acclame Jésus comme son roi, avant de réclamer sa mort quelques jours plus tard. Saint Jean repose sur le cœur de Jésus, Judas trahit son Seigneur par un baiser. Saint Pierre défend courageusement et généreusement Jésus que les soldats encerclent, avant de le renier lâchement par trois fois. Et on pourrait ainsi continuer… Grandeur et misère des hommes, grandeur et misère des apôtres… grandeur et misère de l’Eglise encore aujourd’hui, que Jésus assume et porte. Il a pris notre humanité, avec ses ombres et ses lumières. Et il s’est offert en sacrifice, pour que l’ombre ne l’emporte jamais sur la clarté. C’est Lui qu’il nous faut suivre de près, c’est à Lui qu’il nous faut nous attacher pour rester dans sa lumière. Alors les ténèbres ne nous feront plus peur. Alors nous resterons capables de distinguer cette fragile lueur qui annonce le matin de Pâques. Alors nous vivrons, réconciliés et sauvés, en enfants de lumière.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 20 mars 2016

C’est le cri du Pape François, c’est la prière de toute l’Eglise, c’est la réponse bouleversante du Seigneur Jésus : Miséricorde ! Face au pécheur qui se repent, face aux larmes de la femme adultère ou à celles de Pierre qui a renié, face au fils qui revient ou à la samaritaine qui avoue, face aux blessures déposées dans le secret du confessionnal, un seul mot, une seule attitude, un seul jugement de Jésus : Miséricorde !

Mes amis, Pâques approche. L’Eglise nous presse de faire l’expérience de cette miséricorde d’ici là. Que chacun puisse vivre ce mystère de mort et de résurrection : avec Jésus, nos péchés sont crucifiés, pour que nous puissions avec Lui revivre.

Que chacun de nous prenne le temps, ici ou ailleurs, de venir déposer ses péchés, avec franchise, simplicité et foi. Aveu décapant mais libérant, qui nous fait passer de la culpabilité à l’humilité. Aveu qui permet surtout à Jésus de prendre sur lui nos fautes, et de nous pardonner. Ce pardon n’est pas un vain mot. Il a le prix du sang de Jésus. Il accomplit en nous l’œuvre de la rédemption. Il nous sauve. Rien de moins.

Miséricorde ! Jésus a donné sa vie pour cela… Que tous puissent en redécouvrir la joie !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 13 mars 2015

L’épisode de la Transfiguration que l’Eglise nous donne de méditer ce dimanche est riche d’enseignements. Jésus choisit trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, et les entraîne vers les sommets. Là, au cœur d’un temps de prière, Il se révèle à eux dans sa divinité. Ils font l’expérience bouleversante de voir son visage rayonnant, le visage de Dieu. « Ils virent la gloire de Jésus… » Pourquoi eux ? Ce sont les mêmes à qui Jésus demandera plus tard de l’accompagner dans son agonie à Gethsémani. Là, ils entreront avec lui dans la grande épreuve. Ils n’en sortiront pas indemnes… Sans doute Jésus a-t-il voulu les préparer. Notre vie nous donne de faire la même expérience. Les grâces que Dieu peut nous donner nous fortifient dans la foi, et nous permettent de tenir dans l’épreuve. Le souvenir des consolations reçues de Dieu est précieux au temps de l’épreuve et des combats intérieurs. Le Psaume nous fait prier : « Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m’a redit ta parole : «Cherchez ma face». C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. » Voilà ce qu’il ne faut pas oublier pendant notre carême : si nous apprenons à nous détourner de nos péchés, ou de ce qui nous encombre, c’est toujours pour mieux regarder Jésus. Et c’est en tenant le regard fixé sur Jésus, sur son visage rayonnant de bonté et de miséricorde, que nous pourrons trouver la force et la joie d’avancer, de nous relever, de servir et d’aimer… en attendant ce jour où nous pourrons voir enfin à notre tour la gloire de Jésus de nos yeux, « joie sans fin des bienheureux » !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 21 février 2016

Reconnaissons que nous aimons parfois rêver d’une vie qui serait « tranquille ». On aimerait vivre un bonheur qui se traduise surtout par l’absence de combats, d’épreuves, de difficultés. Une sorte d’équilibre de vie… sans bourrasque ni tempête intérieure. Ce qui est assez vicieux, c’est que cela nous fait certes éviter les excès ou les péchés les plus graves ou les plus visibles en tout cas (ce ne sont pas forcément les mêmes !), mais ça risque aussi de nous faire repousser les résolutions les plus fermes, les plus généreuses, les plus audacieuses. En fait, on peut même hésiter tout simplement sur la nécessité de vivre une réelle conversion. Pourquoi ? Parce qu’on sait que cela justement nous apportera des combats. Celui qui désire le sommet sait que ça veut dire emprunter le chemin qui monte.
On peut du coup ne plus désirer le sommet, ou se contenter d’un entre-deux, en se justifiant assez facilement. Ce n’est déjà pas si mal !

Je sais que notre conversion ne se fait pas dans le fracas ni l’immédiateté. Je sais que nous avons besoin de temps. Mais je sais aussi que nous avons de temps en temps à « marquer le coup ». Il nous faut prendre résolument – comme Jésus – la route du désert, sans trembler devant les combats qui nous y attendent. Il nous faut aller affronter « nos démons », nos tentations, nos renoncements… pour les regarder en face, et appuyés sur la grâce de Dieu, parvenir à les vaincre. Je ne nous souhaite pas un carême « tranquille ». Je nous souhaite un carême « généreux ».
Courage ! N’aimons pas à moitié…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Edito du 14 février 2016