Les éditos du Curé

Ces mots sont forts. Ils sont même provocants. Ils provoquent un sursaut, un cri du cœur : « Jamais ! Comment me demander cela ?! » ou au minimum une vrai réticence de fond. D’abord parce qu’on ne comprend pas vraiment ce que veut dire « aimer ». Ce n’est pas de l’ordre du sentiment. On peut légitimement éprouver une répulsion ou du ressentiment profond pour ceux qui nous ont blessés ou qui font du mal. Jésus explicite : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » Au-delà de ce qu’on ressent, il y a ce qu’on décide de faire et de vouloir. Répondre au mal par le bien, c’est la seule façon de vaincre ce mal. C’est le seul rempart contre la haine qui pourrait m’envahir. C’est la seule façon de suivre Jésus. Il a aimé ses ennemis. Non pas comme il a aimé St Jean ou Lazare, ses amis. Mais il a donné sa vie et prié pour ceux qui le mettaient à mort ou qui réclamaient son supplice. Il voulait les sauver, eux-aussi : « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant – oracle du Seigneur Dieu –, et non pas plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? » (Ezechiel 18, 23). C’est là la vraie victoire sur le mal : non pas la destruction du pécheur, mais sa conversion (qui n’exclue pas la sanction éventuellement nécessaire). C’est notre amitié avec Jésus qui nous donnera – bien au-delà de ce qui nous semble humainement possible – cette charité qui veut sauver, cette charité qui espère et patiente, sans jamais nier ni relativiser le mal qui est à l’œuvre.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 24.02.2019

Nous sommes faits pour le bonheur. Mais nous portons en nous un désir d’infini auquel notre monde ne pourra pas répondre, une soif de bonheur que la vie dans ce monde blessé ne pourra pas combler. Faut-il alors se désespérer ? Se résigner à l’insatisfaction ou à la déception permanente ? C’est en effet le risque, dénonce la première lecture : mettre sa foi dans ce qui est périssable ou qu’humain. Attendre son bonheur de ce monde uniquement. C’est ce que Jésus reprend : « malheur à vous qui êtes repus maintenant », qui vous contentez au fond de ce que le monde peut donner. Vous renoncez à la joie parfaite car vous ne voulez pas attendre, vous ne voulez pas la demander, la recevoir… vous voulez posséder, prendre et accaparer un bonheur à votre mesure, quand Dieu vous a fait pour une joie à sa mesure !

Ce qui nous fera consentir aux limites de ce monde, à nos propres limites, c’est de comprendre qu’on est en pèlerinage vers une joie infinie qui nous attend. Ces joies de la terre préparent une joie plus grande encore. Nos pauvretés de la terre nous donnent un cœur prêt à recevoir, qui espère et attend. Il faut tout vivre – les joies et les peines de cette vie sur terre – comme autant d’étapes vers la rencontre avec le Seul qui pourra combler les désirs de notre cœur. « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur. Et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » résumait Saint Augustin.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 17.02.2019

On pourrait relire l’évangile de ce jour comme une sorte d’entretien d’embauche que Jésus fait passer à Simon-Pierre, sans que celui-ci ne le perçoive tout de suite.
Jésus ne trouve pas Pierre forcément très disponible : le futur apôtre vient de passer la nuit à ne rien prendre, le résultat de son travail n’est pas bon. On peut même imaginer qu’il s’inquiète : comment va-t-il rattraper cette journée qui n’a rien rapporté ? Il est en échec. Jésus sait tout cela, et lui demande pourtant de repartir. Pierre ne peut s’empêcher d’exposer son incompréhension, mais fait confiance : « Sur ta parole… ». Voilà un garçon à la fois franc, mais courageux et capable de faire confiance. Il est aussi capable d’humilité et de lucidité : découvrant le miracle, comprenant l’identité de son auteur, il ne peut que tomber à genoux. Devant Dieu, il sait se reconnaître pauvre et indigne. C’est la condition pour se laisser aimer, mais aussi pour ne pas se prendre pour le sauveur lui-même. Pour Jésus, cela suffit ; Il ne s’éloigne pas. Il n’ignore rien des limites de Pierre, mais Il le choisit. Avec chacun de nous il souhaite faire de même. Il n’a pas besoin de notre supposée perfection. Juste de notre générosité, de notre désir de nous laisser sauver, et de notre foi. « Sois sans crainte » C’est par ces mots que Jésus introduit Pierre à sa nouvelle mission.
Ce sont ces mots que Jésus nous redit à chacun, quotidiennement, face à nos missions du jour.

Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 10 février 2019

Jésus après le miracle de Cana a commencé sa vie publique. Partout où il passe, sa parole impressionne et les miracles abondent. Le voici de retour à Nazareth. On le connaît bien ici… Ou plutôt on pense le connaître : « C’est le fils de Joseph, le charpentier ». Hélas, quand on pense savoir, on est souvent bien moins ouvert à découvrir qu’on ne sait pas. On a du mal à accepter de s’ouvrir à une vérité qui bouscule nos certitudes. Les cœurs et les intelligences se ferment, s’agrippant à ces certitudes. Les conditions d’un miracle ne sont pas réunies.
Il n’y en aura pas. Ce sera leur seul endroit ! Nazareth…

Une vraie leçon pour nous tous. Il est bien plus facile parfois de faire découvrir la bonne nouvelle de l’évangile à ceux qui ne savent rien, qu’à ceux qui savent un peu et qui sont persuadés que cela leur suffit. Un vieux pays chrétien comme la France qui pense savoir, qui croit avoir fait le tour de la question religieuse et qui avec orgueil désormais regarde tout cela de haut, est devenu un pays de mission très difficile. Nous-mêmes pouvons-nous être guettés par cette tiédeur, ce sentiment d’en savoir assez, d’avoir déjà fait pas mal… au point de ne plus être très ouverts aux appels bousculants à la sainteté d’un pape François ou à la radicalité de l’évangile.

Demandons la grâce d’un cœur qui ne soit jamais rassasié, jamais repu, mais toujours assoiffé de mieux connaître Jésus pour mieux l’aimer.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 03.02.2019

L’Écriture Sainte que nous écoutons chaque dimanche, que nous lisons peut-être chaque jour, n’est pas un livre comme les autres. Ce n’est pas le récit des exploits d’un homme célèbre. Ni les mémoires d’un grand homme aujourd’hui disparu. Ni même la légende dorée d’un riche et puissant leader. C’est la parole vivante d’un Dieu vivant. C’est le sens de ce que dit Jésus, après avoir lu l’Écriture dans la synagogue. C’est l’expérience que nous pouvons faire en constatant que nous ne recevons pas de la même façon, chacun, le même texte que nous avons entendu pourtant ensemble. Dieu parle à chacun de nous à travers ce texte, Dieu nous parle personnellement. La lecture actualise le texte en quelque sorte. Dieu accomplit pour nous ce que le texte dit.

Il nous faut retrouver l’habitude de lire en famille et chacun de son côté l’Écriture Sainte, les Évangiles, la Parole de Dieu… Qu’elle puisse ainsi éclairer nos vies, nos discernements, nos choix, nos épreuves et nos joies. Voilà de quoi éviter la « routine » dans notre prière.

N’oublions pas que c’est l’Église qui nous apprend à lire cette Parole et à la comprendre. Elle nous donne aussi les sacrements pour nous aider à vivre le message porté par ces livres : notre vocation à être saints en répondant à l’Amour immense de Dieu révélé dans chaque page de la Bible.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 27 janvier 2019

Jésus est donc invité à des noces, et il s’y rend. Le Fils de Dieu n’a pas dédaigné participer aux fêtes des hommes. Il ne va pas seulement à la célébration religieuse, il s’associe aux festivités qui suivent. Petit signe simple mais concret que le Seigneur se fait proche, et aime être associé à notre quotidien, avec ses joies et ses peines. Il va même accepter d’hâter l’heure de son premier miracle, pour « sauver » cette fête de famille, et éviter aux jeunes mariés un accroc qui aurait terni leur joie. Il est vrai que Notre Dame le lui a demandé. Jésus ne peut rien refuser à sa mère…
Il s’émerveille devant sa foi et sa bonté. Il connaît son attention et sa délicatesse. Il aime sa prière et l’écoute. Jésus réalise son premier miracle. Mais n’a-t-il pas en tête autre chose ? Ne voit-il pas un autre sens à ces noces… Ne lui évoquent-elles pas sa mission, cette mission pour laquelle il est venu, et qui lui fera donner sa vie trois années plus tard ? Commencer sa vie publique par « sauver » des noces, c’est sans doute – mais nous ne le comprenons que maintenant – éclairer le sens profond de ces trois années d’annonce de la Bonne Nouvelle sur les routes de Palestine. L’époux véritable c’est le Christ. Il vient chercher la fiancée infidèle – l’humanité – et la réconcilier avec lui. Il veut l’épouser, en établissant une nouvelle alliance. Ce sont les noces de l’Agneau, annoncées par Isaïe : « Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ». Notre âme se
laissera-t-elle réconcilier et séduire par l’époux ? Il donnera bientôt sa vie pour obtenir notre « oui ». Notre joie sera de nous laisser aimer et de l’aimer en retour, pour que ce qui a commencé par des noces, puisse s’achever dans des noces éternelles !
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 20 janvier 2019

Notre évêque, Mgr AUMONIER, m’a nommé curé de la paroisse de Montigny-Voisins Le Bretonneux, pour prendre la suite du Père Bruno VALENTIN, nommé évêque auxiliaire de notre diocèse. Cette paroisse – qui porte un projet de construction d’une nouvelle grande église – ne pouvait rester sans curé pendant 6 mois. Mais il n’est évidemment pas question de vous abandonner comme cela, en milieu d’année ! Je reste donc curé de Saint-Cyr l’École jusqu’à cet été.

Cela va être un vrai défi pour notre communauté, puisque je vais devoir, à partir du 1er février, me partager entre deux paroisses, en faisant de mon mieux pour que la vie de l’une ou de l’autre ne soit pas trop impactée. Des allègements seront sans doute nécessaires pour les 6 mois qui viennent. Je vous fais confiance pour y consentir avec générosité et bienveillance. Un dimanche sur deux, un prêtre extérieur viendra me remplacer, quand je serai à Voisins et Montigny pour célébrer. Là aussi, je compte sur vous pour vous montrer accueillants. J’habiterai un jour ou deux par semaine à Montigny. Enfin, un successeur arrivera cet été, nous en connaîtrons le nom sans doute un peu après Pâques. L’évêque m’a assuré qu’il ferait cette nomination avec le souci que tout ce qui a été réalisé ici puisse se poursuivre.

L’heure n’est donc pas encore venue de se dire « au revoir » même si c’est une vraie émotion pour moi de savoir qu’il me faudra vous quitter bientôt. Vivons d’autant plus pleinement ces mois qui viennent, ces veillées Sitio, ce carême et la semaine sainte, mais aussi le WE paroissial de l’Ascension : ce sera un beau dernier temps fort à vivre ensemble.

Je confie cette nouvelle mission exigeante et enthousiasmante à votre prière. C’est un vrai défi pour moi, mais aussi pour ces deux paroisses, Saint Cyr comme Voisins-Montigny. Que le Seigneur nous donne d’accueillir dans la confiance les missions que l’Église nous confie, et de nous y consacrer avec générosité.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 13 janvier 2019

Selon Saint Paul, voici ce que dit le Christ en venant en notre monde. Ces mêmes mots qu’il prononcera au seuil de sa Passion, au moment d’accepter d’aller jusqu’au bout de l’Amour en donnant sa vie pour chacun de nous. Toute la vie du Christ, depuis sa venue même sur la terre jusqu’au don total de cette vie, est un acte d’obéissance filiale à son Père. L’homme avait désobéi à Dieu et provoqué par ce péché des origines, une blessure infinie. Jésus vient réparer cette désobéissance par son obéissance aimante et libre, réalisant ainsi la promesse du Père.

Noël, c’est le fruit du « oui » total de Jésus à son Père. C’est le fruit du « oui » confiant de Marie à sa vocation. C’est le fruit du « oui » généreux de Joseph à sa mission. L’obéissance à la Parole de Dieu, à sa volonté divine, ne nous rend pas esclave. Elle nous libère au contraire, et permet au projet de Dieu – que tous soient sauvés – de se réaliser à travers nous. L’orgueil de l’homme le pousse à croire qu’il peut revendiquer sa liberté en disant « non » à Dieu et à sa loi. Ce « non » au contraire le blesse et le rend esclave. C’est le drame du péché.

Que la fête de Noël nous donne l’occasion de redire « oui » à ce Dieu qui se donne à nous, qui vient nous visiter pour nous appeler à Le suivre. Que la joie de Noël nous fasse redécouvrir celle de dire « oui » au Seigneur qui veut notre bonheur éternel !

A tous, je souhaite un saint et joyeux Noël et vous assure de ma prière !

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 23 décembre 2018

Tout ce 3ème dimanche de l’Avent est marqué par la joie. Une joie annoncée, promise… dans un contexte pourtant difficile. Sophonie s’adresse à un peuple qui subit de lourdes épreuves, conséquences de son infidélité à Dieu. Paul s’adresse à des chrétiens qui subissent la persécution comme dans tout l’empire romain. Avant lui, Jean-Baptiste annonce le sauveur et appelle le peuple à se préparer… alors même que le pays est occupé.

Encore aujourd’hui, la joie du Salut se laisse accueillir au cœur même de nos difficultés, de nos épreuves. Il ne s’agit pas de « les oublier » le temps de Noël… mais bien de célébrer Noël, d’accueillir la grâce de joie et de consolation que porte ce temps, au cœur même de nos épreuves et de nos combats. La foi ne vise pas à nous faire fuir le réel ou à nous le faire oublier. La foi n’est pas « l’opium du peuple » pour reprendre l’expression de Marx. La foi nous donne de vivre ce réel en nous découvrant accompagnés et rejoints par le Seigneur. La foi nous porte même à nous engager au cœur de ce monde réel, pour permettre que la Promesse se réalise pour tous. La foi nous aide à comprendre et à voir ce réel comme Dieu le comprend et le voit, comme le lieu de la réalisation de la Promesse.

Que cette fête de Noël nous apporte la joie de la foi, la joie et la paix intérieure apportées par l’Enfant Roi, la joie et la paix du cœur qui résistent à tous les découragements et demeurent malgré toutes nos faiblesses.

Abbé GROSJEAN, curé

Edito du 16 décembre 2018

Ces paroles du prophète Baruc annoncent le retour à Jérusalem du peuple emmené en exil. Les fils et les filles d’Israël reviennent, Dieu les ramène. Le Seigneur est intervenu. Jean-Baptiste annonce lui aussi l’intervention du Seigneur, et demande au peuple de s’y préparer. Les détails historiques que donne l’évangile soulignent que Dieu est entré dans l’histoire des hommes, à un moment bien précis… « Le jour du Christ » qu’évoque Saint Paul. L’Avent nous prépare à célébrer cet événement, mais nous fait aussi attendre ce retour du Christ en gloire, dernière et ultime intervention de Dieu dans l’histoire du monde.
Aujourd’hui, Dieu intervient-il encore ? Bien sûr. Dieu ne cesse d’agir. Comment ? Par les sacrements, il visite cette terre encore et toujours.
Il vient habiter les cœurs et nos tabernacles, non pour se tourner les pouces mais pour faire son œuvre de sanctification… pour autant que nous le laissions agir. Dieu intervient en inspirant ceux qui le prient. Leur action trouve une nouvelle fécondité, elle peut réellement transformer le cours de l’histoire. Croyons-nous vraiment à cela ? Les baptisés sont les mains et les pieds du Christ, pour agir et parcourir ce monde encore aujourd’hui ! « Vous êtes le corps du Christ ! » : c’est concret ! Dieu veut intervenir à travers nous. Dieu intervient enfin – même si c’est plus rare – de façon extraordinaire, en suscitant dans notre histoire des saintes comme Jeanne d’Arc par exemple, ou en pesant sur le cours des évènements comme lors de la bataille de Lépante, dont la victoire fut le fruit de la prière du rosaire partout en Europe, ou celle de Tolbiac qui vit la conversion de Clovis.
Rien ne nous interdit de prier et d’intercéder dans les périodes de troubles pour que le Seigneur se manifeste d’une façon ou d’une autre…
Abbé GROSJEAN, curé
Edito du 9 décembre 2018