Les éditos du Curé

Séquence de la Pentecôte

Viens, Esprit-Saint, en nos cœurs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos cœurs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.


Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut  final
donne la joie éternelle.

Amen.

Les premiers pas de l’Eglise

Jésus est monté au Ciel, désormais à la droite du Père.  Commence alors le temps de l’Eglise, comme le disait Bossuet : « l’Eglise, c’est Jésus-Christ continué et communiqué ». Qu’est-ce qui va marquer ses premier pas ?

D’abord la Pentecôte. Dans la première lecture, nous voyons les apôtres se rassembler autour de la Vierge, et se préparer à cette venue du Saint Esprit. Jésus l’a promis : l’Eglise pourra compter sur cette assistance divine pour son pèlerinage sur la terre. L’Eglise n’est pas qu’une organisation humaine. Elle est l’hôte du Saint Esprit, sa demeure. Elle est aussi divine, et nul ne peut comprendre l’Eglise s’il la sépare du Christ.

Ensuite le martyre. En grec, cela veut dire « témoignage ». L’Eglise est missionnaire en elle-même, c’est sa raison d’être. Elle témoigne de ce qu’elle a reçu : la bonne nouvelle du Salut pour tous. Ce témoignage, chacun en est responsable, comme le dit St Pierre dans la deuxième lecture. Notre vie personnelle est le premier témoignage offert. Ce témoignage peut aussi nous amener à donner notre vie. Les premiers chrétiens, et tant d’autres après eux, vont en faire l’expérience. L’Eglise est sainte de tous ces témoins fidèles jusqu’au martyre.

Enfin, l’amour de Jésus. Déjà, juste après la Cène, comme le rapporte l’Evangile, Jésus priait pour l’Eglise naissante. Il ne l’abandonne jamais, la porte littéralement : « Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés ». L’Eglise, épouse du Christ, rassemble ceux qui veulent vivre à sa suite en enfant de Dieu, dès maintenant et dans l’éternité : « la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu…»

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Notre Pèlerinage

Ce dimanche, la paroisse part en pèlerinage jubilaire. Dans cette belle collégiale de Poissy, nous irons nous recueillir auprès du baptistère ; là même où Saint Louis est devenu enfant de Dieu, il y a 800 ans.

Quel est le sens de cette démarche ? Nous rappeler que nous sommes sur cette terre des pèlerins en marche vers le Ciel, vers la Jérusalem céleste. Notre pèlerinage terrestre a commencé réellement avec notre baptême. Ce jour-là, nous avons reçu notre vocation : le Bonheur de voir Dieu, de demeurer pour toujours avec Lui. Voilà le but vers lequel nous marchons. Voilà l’espérance qui nous soutient dans les joies et les peines du chemin.  Comment avancer ? En aimant. Chaque fois que nous aimons, chaque fois que nous nous donnons, nous grandissons. Nous progressons. « Celui qui donne sa vie, la gagnera »  prévenait Jésus. Sommes-nous livrés à nous-mêmes sur cette route ? Non. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous promet : « Le Père vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. (…) Je ne vous laisserai pas orphelins. » Voilà la boussole sûre, dont nous avions besoin, pour nous orienter. Voilà aussi la force venue d’en haut qui nous soutiendra pour avancer.

Le baptême fait de nous des pèlerins, promis à la joie immense d’être accueillis au terme de notre marche par le Seigneur lui-même.
Cet « état » éclaire vraiment notre attitude dans ce monde, nous engage à aimer, et nous rend profondément libres intérieurement.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Jésus, pierre angulaire du couple

Voici comment le dictionnaire définit ce qu’est une « pierre angulaire » : « située comme son nom l’indique, à l’angle de deux murs d’un bâtiment, cette pierre est cruciale pour la solidité dudit bâtiment. »

Dans sa lettre, Saint Pierre parle de Jésus ainsi : « il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur. On lit en effet dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur ; celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte. »

Cette pierre angulaire, c’est donc le Christ. Pierre angulaire de l’Eglise, bien sûr. Mais aussi de nos vies. Et bien sûr de nos engagements. Puisqu’après avoir prié pour les vocations sacerdotales, nous prions ce dimanche pour les couples, que les époux se posent la question : sur qui repose leur couple ? Avons-nous « éliminé » nous aussi cette pierre angulaire, ne comptant que sur nos propres forces pour que l’édifice tienne ? Ou essayons-nous de vivre concrètement nos joies et nos peines avec le Seigneur ? Quelle place pour la prière conjugale et familiale qui – plus que tout discours –  montre l’importance que nous accordons au Seigneur dans ce que nous essayons de construire ? Qu’Il nous aide à le rechoisir, pour que nous puissions « annoncer les merveilles de Dieu » par nos vies !

Père Pierre-Hervé Grosjean +

« Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance »

En ce dimanche, l’Eglise nous fait méditer la figure du Bon Pasteur et nous demande de prier plus intensément pour les vocations sacerdotales. Pour que les jeunes que le Seigneur appelle puissent découvrir leur vocation, et y répondre généreusement. L’enjeu n’est pas mineur : si nous avons besoin de prêtres, c’est pour « que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance » selon les paroles mêmes de Jésus.

Le prêtre est serviteur de votre vie. De votre vie éternelle bien sûr : il vous montre le chemin du Ciel, selon la belle expression du Curé d’Ars, et vous donne les sacrements du salut. De votre vie spirituelle : en vous expliquant la Parole de Dieu, en vous transmettant la foi, en vous aidant à prier, il se met au service de votre amitié avec Dieu. De votre vie personnelle : le prêtre se fait « compagnon de route », partageant les joies et les peines de votre vie, vos questions et vos doutes. Avec vous il est là aux heures déterminantes, et aux étapes importantes. Témoin de la tendresse de Dieu, icône de sa présence à vos côtés.

Donner sa vie, « pour que les hommes aient la vie » ! Chers jeunes, lesquels parmi vous diront « oui », s’ils sont appelés ? Et vous parents, acceptez-vous dès maintenant de « donner » votre enfant à ce plus haut service, si tel était le choix de Dieu ? … « pour que les hommes aient la vie » ! Rien de moins…

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Les pèlerins d’Emmaüs

A travers ce récit des pèlerins d’Emmaüs, nous pouvons retrouver les deux grands temps de la liturgie de la messe.

Le premier temps est celui de la liturgie de la Parole. Aux questions et aux doutes des pèlerins d’Emmaüs, Jésus répond en reprenant avec eux les textes des Ecritures. Il leur explique comment ces textes s’appliquent pour eux. C’est le sens de la liturgie de la Parole. Nous écoutons cette Parole vivante, qui s’accomplit pour nous aujourd’hui. Le prêtre dans son homélie nous aide à comprendre combien cette Parole peut éclairer notre vie quotidienne. Surtout, l’écoute de la Parole de Dieu nous permet d’apprendre à mieux connaître Jésus, et donc nourrit notre foi, notre amour et notre désir de le recevoir. La connaissance nourrit l’amour !
Voilà pourquoi cette liturgie de la Parole prépare et appelle le deuxième temps : la liturgie eucharistique. « Demeure avec nous ! » supplient les pèlerins d’Emmaüs, après avoir écouté longuement Jésus. Alors le Seigneur rompt le pain avec eux… et ils Le reconnaissent. A la messe, le Seigneur se rend présent et se donne à nous, pour demeurer à nos côtés. Ainsi, par sa Parole et son Eucharistie, le Seigneur devient vraiment notre compagnon de route. Celle-ci peut être plus ou moins facile, mais une certitude nous apaise et nous encourage : Jésus marche à nos côtés.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Des ténèbres à la lumière

Les quinze jours qui viennent sont d’une densité spirituelle unique. La liturgie nous fait revivre une alternance d’évènements douloureux, joyeux et glorieux d’une intensité incomparable. Jérusalem acclame Jésus en ce dimanche des Rameaux, avant de réclamer sa mort dans des hurlements atroces. Jésus, entouré de ses apôtres, célèbre la première messe de tous les temps, avant de se voir abandonné par ces mêmes apôtres, trahi et renié par deux d’entre eux. Inversement, des ténèbres de Gethsémani, nous allons passer à la clarté de la résurrection. De l’angoisse et du sentiment d’abandon criés par Jésus en croix, nous allons le découvrir glorieux, offrant sa paix, au matin de Pâques. De la mort, nous allons passer à la vie. Du péché au pardon. Des ténèbres à la lumière.

Ayons à cœur de vivre et de partager ces différents évènements avec le Christ. De nous associer à ses sentiments successifs. La liturgie pourra ainsi éclairer notre propre vie, et nous révéler le sens de cette succession de joies et de peines que nous connaissons nous aussi. Notre propre vie nous fait bien souvent passer de la désolation à la consolation, et inversement. Nous grandissons et avançons à travers tout cela.

Une figure nous est donnée à travers ce tumulte : celle de Marie. Douloureuse, joyeuse, silencieuse, elle tient debout, ferme dans l’Espérance. Etoile de nos vies, elle nous apprend à garder le cap et à attendre le matin de Pâques.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Jésus pleura

Mesure-t-on la force de ces deux mots mis côte à côte ? Le Fils de Dieu, le Maître de la vie et de la mort, le Tout Puissant, le Seigneur, le Roi des rois… pleura. Un homme qui pleure en public, ou devant ses amis, c’est rare. Les hommes n’aiment pas pleurer, se montrer vulnérables (pourtant, parfois, il le faut ! Bienheureux ceux qui savent pleurer…). Mais Dieu qui pleure ??? Quel grand mystère à contempler !

Jésus pleure, parce que tout en étant vraiment Dieu, il est vraiment homme. Et dans son humanité, il a fait l’expérience de l’amitié, belle et forte, qui l’unissait à Lazare, ou à St Jean. Jésus a ressenti la douleur de l’absence, de la séparation. Jésus sait ce qu’on peut vivre quand on est confronté à un deuil douloureux. Jésus a voulu nous montrer qu’il n’était pas indifférent, que sa divinité ne le rendait pas insensible à la peine des hommes.

Jésus pleure aussi sur cette mort, absente du projet initial du Créateur. Dieu n’avait pas voulu cela à l’origine. La mort est entrée dans le monde avec le péché. Dieu contemple toutes les souffrances qu’elle cause. Il aurait tant voulu éviter cela à l’homme. Dieu pleure sur sa création défigurée, abimée, blessée. Dieu pleure sur tous ceux qui à cause de l’épreuve de la mort, de la souffrance, vont se détourner de lui. Parce que leurs « pourquoi » ne trouvent pas de réponse… Mais comment pourrait-il y en avoir une ?

Jésus pleure, mais il ne s’arrête pas là. Il pose un geste décisif, qui annonce une victoire plus grande encore. Il ressuscite Lazare, pour annoncer notre résurrection. Pour que nul n’ignore, que si la mort fait désormais partie de ce monde, elle n’a pas le dernier mot. Le dernier mot appartiendra toujours à Jésus. Et ce mot, nous l’entendrons tous un jour, pour nous appeler de la mort à la Vie.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Qui sont les aveugles ?

Dans l’évangile de ce dimanche, les véritables aveugles ne sont pas ceux auxquels on pense spontanément. Les pharisiens d’ailleurs ne s’y trompent pas et finissent par demander eux-mêmes à Jésus :                   « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »

Ils sont en effet victimes (consentantes) d’une triple cécité. L’aveuglement de l’intelligence : ils sont prisonniers de leur erreur, de leur vision faussée d’un Dieu qui punirait le pécheur en le rendant aveugle. Trop sûrs de leur raisonnement, ils vont se tromper lourdement. L’aveuglement du cœur : face à cette guérison de l’aveugle de naissance, ils sont incapables de se réjouir du bien qui est fait, du bonheur de cet homme guéri, qui devient suspect à leurs yeux. Seul compte pour eux de ne pas se voir remis en cause dans leur autorité. L’aveuglement de l’âme : prisonniers d’une conception juridique et rigide de la religion, ils n’aiment pas et n’accueillent pas l’action de la grâce. Paradoxe étonnant : les gardiens de la promesse vont passer à côté de la réalisation de cette promesse !

Sommes-nous indemnes de ces aveuglements ? Sans doute pas complètement. Mais si Jésus a pu guérir l’aveugle-né, Il saura aussi nous guérir de notre cécité spirituelle. Que ce carême soit pour nous un temps de guérison, pour passer des ténèbres à la lumière.

Père Pierre-Hervé Grosjean +

Donne-moi à boire !

Jésus par ces simples mots entame la conversation avec la Samaritaine. Sont-ils si anodins ? Non ! Rien n’est anodin avec Jésus !

Le simple fait qu’il adresse la parole à cette femme n’est pas anodin. Jésus transgresse les habitudes des juifs pieux, qui considéraient les samaritains comme impurs. Elle en est la première étonnée. Les disciples le seront aussi. Jésus n’est pas venu pour les bien-portants, « mais pour les malades et les pécheurs ». La liberté de Dieu est de s’adresser à tous, de se pencher sur la misère de tous, d’aller chercher cette brebis perdue, là où la logique voudrait qu’on se contente des 99 autres restées sages. Tant mieux pour nous ! Nous sommes les premiers bénéficiaires de cette miséricorde…

« Donne-moi à boire »… Ne criera-t-il pas bientôt « J’ai soif » ? Jésus vient nous donner l’eau vive, cette eau du baptême qui lave nos âmes et nous réconcilie avec Dieu. Cette eau qui jaillira de son cœur transpercé, dont le prix sera sa vie. Mais lui-même a soif… il établit une relation : l’Amour appelle l’amour. Son Amour appelle le nôtre. Jésus a soif qu’on vienne à Lui, qu’on comprenne ce qu’Il fait pour nous, qu’on accueille son amitié, qu’on l’aide à sauver ce monde qui ne se sait pas aimé, comme cette samaritaine si blessée, et toute étonnée que le Christ se soit penché sur sa vie en vérité. Et si notre carême consistait à répondre tout simplement par nos prières, notre charité, nos efforts à ces quelques mots de Jésus « Donne-moi à boire… j’ai soif… » ?

Père Pierre-Hervé Grosjean +